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02 Dec 2019

L’art peut-il éviter le consensus ?

Titre un peu prétentieux pour un article blog du lundi allez-vous me dire. Plus proche du thème de bac philo que du blogging.
Je l’admets. Mais avant de fuir vers votre café, laissez-moi vous expliquer. J’ai passé le week-end à Amsterdam, une ville où la créativité est partout, dans toute sa diversité. Une ville où l’enjeu de la liberté de l’art se sent beaucoup plus que dans d’autres lieux culturels, où la créativité apparait souvent comme plus académique, inscrite dans une histoire plus grande que celle des artistes eux-mêmes.

Et il est vrai que lorsque l’on regarde le parcours des plus grands artistes, quels qu’ils soient, peu sont ceux qui sont restés totalement libres dans leur art, qu’ils soient rattrapés par des obligations financières, politiques ou morales.

Alors, me suis-je dis, à l’heure des critiques sur la pauvreté de l’art moderne face aux arts académiques, que reste-t-il de l’art qui bouscule ?

Premier constat : quand l’art dionysiaque est mis au placard, c’est le consensus qui vient d’en haut qui l’emporte.   
C’est en tombant sur une interview d’Alain Manoukian à la radio la semaine dernière qui y expliquait comment la portée avait tué une grande partie de l’art de l’improvisation en musique, que cette idée m’est apparue. Il expliquait comment, jusqu’au 12e siècle, la musique était principalement orale et faite d’un mélange d’apollinien (accords liés à des règles) et de dionysiaque (accords proches de la transe). La religion ou les états (qui ont souvent marché main dans la main) ont académisé l’art, diabolisant les créations spontanées. Outils de valorisation des dirigeants ou de communication avec l’haut-delà, l’art est ainsi devenu un instrument consensuel, au service de messages venus d’en haut.
Cette limite à la créativité, encore bien présente, même parmi nos sociétés soi-disant démocratiques, a amené des générations entières d’artistes à se réclamer de courants très anciens, pour parvenir à entrer dans le cercle très fermé des artistes reconnus. À répandre aussi cette croyance selon laquelle on n’a pas le droit de créer sans avoir appris avant. Comme le soulignait Alain Manoukian si justement, c’est comme si on interdisait à un enfant de s’exprimer avant qu’il n’ait une complète maitrise de la grammaire …

Ce premier consensus, imposé par des organisations de pouvoir a eu pour conséquence de brider la créativité ou de la condamner, dès lors qu’elle ne rentre pas dans les modèles validés : le street art en est un bel exemple.         
Alors on pourrait penser qu’il suffit de redonner la parole au vrai public, au peuple donc, pour que les artistes soient à nouveau libres ?
Pas sûr. 
En effet, si on regarde les émissions de téléréalité visant à promouvoir de nouveaux talents ou les votes du public sur les concours littéraires, que remarque-t-on ? Encore un consensus mais, cette fois, autour de la mode. Attention, je ne suis pas en train de dire que le public n’a pas raison. Je dis seulement que le public aime ce qu’il a l’habitude d’aimer et de voir, davantage que la nouveauté. Et cela, les maisons de production l’ont bien compris. Ainsi nous propose-t-on des choses « qui marchent », plutôt que des choses originales. Romance, polar, séries, ne sont que le fruit d’un régime alimentaire bien assimilé par nos cerveaux. Se retrouver autour de la mode est rassurant, confortable, plaisant…
Mais est-ce cela le seul rôle de l’artiste ? Nous offrir une bonne couverture sous laquelle nous mettre les soirs d’hiver ?

Oui, nous vivons dans une société de stéréotypes où le consensus, souvent lié à notre besoin de confort et d’appartenance, qu’il vienne d’en-haut ou d’en bas, nous pousse à moins de curiosité. Mais être ouvert, c’est permettre aux artistes de le rester. Aller voir des spectacles dans de petites salles, lire des auteurs indépendants ou peu connus, pousser la porte des musées, voyager, même en France, pour y découvrir des cultures et des architectures différentes... Aimer ou ne pas aimer mais aller voir pour le savoir et pour être surpris.

Je crois qu'un artiste, même en suivant certains modèles et certaines règles, ne devrait pas seulement chercher à être validé mais à enrichir la diversité culturelle et à livrer un message qui lui est propre. Car être artiste, n’est-ce pas, par essence,  prendre le risque de ne pas susciter le consensus autour de sa créativité ?

Bonne semaine créative à tous, n'oubliez pas de rester curieux ;) 

 

 

 

25 Nov 2019

Tu penses que je ne suis pas là…

Tu penses que je ne suis pas là
Et pourtant j’y suis.
Des mots que l’on se dit parfois et que trop souvent on oublie.
Parfois par commodité
Honteux du temps écoulé
Empêtrés que nous sommes, dans ces silences étirés.

Tu penses que je ne pense pas à toi mais je ne t’ai pas oublié.
Je ne sais pas pourquoi la vie fait que l’on passe et puis que l’on s’en va.
Pourquoi y’a jamais le temps, même pas pour ces choses-là.
La vie est trop courte pourtant, tout le monde le sait
Chaque jour je pense à toi et je n’ai pas bougé.

Tu penses que je ne suis pas là
Et pourtant c’est toi qui es parti.
La vie sait remettre les âmes sœurs dans la même harmonie.
Et si tu pleures parce que tu ne peux rien y changer,
C’est peut-être tout simplement que la lassitude est en train de l’emporter.

Tu penses que je suis là,
Et puis soudain j’y suis.
Frères et sœurs, amis, amoureux, parents aussi.
Toujours là l’un pour l’autre, malgré les heures qui courent et s’enfuient,
Aujourd’hui je te le dis, je suis là pour toi
Et je sais que tu l’es aussi.

A tous ceux qui ont pris un loyer dans mon petit cœur et à celui qui m’a inspiré cette tirade. Love bro 

18 Nov 2019

Exigence et écriture

C’est en lisant un article blog de l’auteure Lily B Francis que m’est venue l’envie de vous parler de ce thème de l’exigence, qui sera d’ailleurs aussi abordé dans mon prochain roman. Celle que l’on a envers soi-même même si, bien sûr, elle est d’abord née pour répondre à l’attente des autres.

Dans l’article que j’évoque, cette auteure indépendante, qui se consacre totalement à l’écriture depuis plus de deux ans, évoque les challenges qu’elle s’est imposés et comment elle les a tenus à force de volonté et d’exigence envers elle -même, ce qui, étrangement, au lieu de générer de la satisfaction, a fini par transformer en contrainte son plaisir d’écrire.
À son article, j’ai répondu que je comprenais sa réaction et qu’il est difficile de garder le plaisir d’une passion lorsqu’elle devient son métier …
Réflexion faire, je crois plutôt qu’il est difficile de mêler plaisir et travail lorsque l’on est très exigeant, pour ne pas dire « dur », envers soi-même.

Tout comme Lily, j’ai un tempérament très volontaire et donne une importance très grande à l’effort et au résultat à atteindre. Cet effort, je ne cherche pas forcément à ce qu’il me fasse monter haut, mais je le fournis avec à chaque fois avec une grande intensité et cette même idée en tête : je ne peux pas ne pas faire ce que je me suis promis de faire.

L’avantage d’un tel profil ? Aucune procrastination et une capacité à avancer contre vents et marées dans ses projets professionnels.
L’inconvénient ? Une pression permanente et la mauvaise habitude de s’en imposer toujours plus. Et comme l’univers se charge de nous donner ce que l’on dégage, on se trouve en général chaque jour un peu plus dans l’obligation. Et quel le résultat d’un trop plein d’obligation ? Le stress et la disparition du plaisir dans ce que l’on fait…

Pour éviter cela, chacun des « exigeants » a sa méthode.
Personnellement j’ai d’emblée dissocié l’écriture de mon cadre professionnel tout en choisissant un métier qui me permette d’exister aussi en tant qu’auteure et de nourrir ma créativité. Mais je ne suis pas pour autant à l’abri de cette auto-exigence ; car ce que je m’impose par ailleurs dans ma vie d’entrepreneur peut finir par empiéter sur mon temps d’écriture et nourrir ma frustration. Pour écarter ce danger, je n’ai pas d’autre choix que de reprendre la main sur le temps. Remettre de l’air dans mon agenda, du plaisir, du vide aussi, est un exercice presque quotidien, tant la tentation est forte parfois de laisser les « to do list » me manger.

Que ce soit par éducation ou par tempérament (souvent les 2 :) il est compliqué de vivre avec légèreté lorsque l’on s’en impose trop. De l’extérieur, cette exigence peut passer pour une grande force mais, croyez-moi, il faut, pour qu’elle reste un simple moteur, apprendre à la maitriser. Entre le challenge et l’hyper exigence il y a l’écoute de ses émotions, celles qui font que l’on prend le temps de s’arrêter et de vivre avec plaisir.

Alors, amis exigeants, pensez à vous pardonner si vous levez le pied…

Et à tous, une très belle journée !

   

 

11 Nov 2019

Le courage de dire, le droit d’être soi-même

S’il est bien une chose qui m’a toujours insurgée et poussée à prendre la plume (ou à ouvrir ma bouche :) c’est bien le souhait de ne pas être prise pour un mouton de panurge, obligé de penser comme la majorité pour acheter sa paix sociale. Convaincue que chacun doit pouvoir exprimer ce qu’il pense sans pression extérieure, j’ai toujours géré mon rapport au groupe avec une certaine forme d’individualisme qui, loin de me couper d’une vie sociale, m’a certainement mise à l’écart d’expériences ou d’engagements collectifs.
Mon attitude est-elle mue par une méfiance vis-à-vis de l’autre ou par un réflexe de survie ? Je me pose souvent cette question. Or le week-end dernier, voilà que je tombe sur un article du magazine Elephant sur le pouvoir du groupe sur l’individu, un article dont, comme par hasard, la vie s’est chargée de me donner deux belles illustrations cette semaine.  Des exemples qui m’ont démontré que le groupe, s’il stimule l’individu, peut aussi se transformer en un formidable outil de destruction de la pensée, lorsque qu’il est connecté à la peur d’être rejeté.

Le groupe moteur
Le groupe est, à n’en pas douter un atout dans bien des domaines. Comme le dit le dicton : seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin. Mais encore faut-il arriver au sein d’un groupe avec une objectif clair et un bonne dose d’autonomie. Combien de travaux collectifs, notamment à l’école, se font grâce au travail d’un élève sur lequel les autres se reposent ? J’ai, cette semaine, donné un cours d’écriture blog en école de commerce pour lequel, tout en faisant travailler la classe en groupe dans la réflexion et l’écriture, j’exige que chacun écrive son propre article. Au terme de la semaine, les élèves ont tous dit avoir été surpris (voire déçus) au départ de ne pas avoir pu travailler en groupe mais finalement heureux d’avoir pu choisir librement un thème d’article et d’exprimer ainsi leur créativité. En leur imposant un thème et en les faisant travailler un article en groupe, j’aurais certainement eu de très bonnes copies sur un sujet consensuel ; mais en leur faisant choisir le sujet et en leur apprenant à réfléchir aux moyens de le défendre, j’ai stimulé leur créativité et les ai poussés à s’exprimer au sein du groupe en tant qu’individus. À partager leur point de vue et à convaincre. Et leurs copies se sont avérées non seulement bonnes, mais aussi beaucoup plus intéressantes.

L'épanouissement au sein d’un groupe ne peut , à mon avis, être préservé que si chacun y conserve un droit à la parole et, bien sûr, y trouve un sens, même s'il est personnel. 

Le Groupe Bulldozer
En face de la notion de groupe moteur, se trouve ce que j’appellerais le groupe bulldozer. Le groupe qui se nourrit de son propre nombre. Cette force qui fait, dans des cas extrêmes, que des gens se sacrifient en son nom ou de peur d’en être exclus. Nombreux sont les exemples scientifiques ayant prouvé la violence libérée par l’anonymat du groupe, par ce confort lié à la fin de la pensée individuelle. Quand le groupe pense et décide pour l’individu, il le dégage d’une part de responsabilité… mais aussi, accessoirement, de sa liberté d’expression. La menace ? Ne plus appartenir au groupe si on ne pense pas comme lui. Peur d’être viré, peur d'être puni, peur de ne pas être invité, peur d’être exclu de l’équipe… Mon second exemple vécu est lié à une histoire de foot de collégiens. Celle d’un enfant passionné de foot, du sport en lui-même mais aussi de l’esprit d’équipe qui y est lié. Ses amis et sa passion sont réunis dans cette activité qu’il fait passer avant tout. Or il se trouve qu’un nouvel entraineur a, cette année, décidé de piloter son équipe avec une logique qui lui est propre et qui donne lieu à des décisions auxquelles les enfants obéissent sans pour autant les comprendre. Au sein de ce groupe, auquel mon fils appartient, je me suis aperçue que la tendance était à l’obéissance aveugle, liée à la peur de ne pas être sélectionné, ou pire, d’être exclu. J’ai été soulagée de voir que mon fils, à treize ans, face à une décision qu’il trouvait dénuée de sens a été capable de s’exprimer et de faire ensuite  la part des choses entre ses motivations propres et son impuissance face aux décisions prises. Désormais, et sans le rejeter pour autant, il connait les limites de la force du groupe.   

Réaffirmer son individualité au sein d’un groupe demande du courage, surtout en temps de crise existentielle et économique. Me concernant, cette attitude, si elle ne m’a pas toujours facilité la vie, a eu l’avantage de protéger mes envies, mes valeurs et de les nourrir, plutôt que de les dompter. De préserver ma liberté de décision et mon instinct de survie aussi.
Suis-je trop idéaliste ? Trop individualiste ? Je ne suis certainement pas bien placée pour en juger mais je serais très intéressée de connaitre votre point de vue sur le groupe et la façon dont vous le vivez.

 

20 Oct 2019

Mon héros me manque !

Voilà l’idée qui m’a traversée l’esprit en fin de semaine dernière, cinq jours après ma dernière cession d’écriture. Envie de me replonger dans son crâne, dans sa vie, de lui inventer des manies, de me laisser entrainer dans ses aventures, de rentrer dans cette zone sans règles ni frontières, celle de mon imagination.

Je n’ai jamais souhaité que mon écriture soit ma seule activité mais je dois avouer que de ne pas pouvoir, faute de temps, m’y plonger autant que je voudrais, a, ces derniers temps, créé en moi un manque physique, comme une forme d’éloignement auquel j’ai hâte de mettre fin.

On me demande souvent à quel rythme écrit un auteur. Je n’ai pas de réponse universelle à cette question mais je pense que, pour le premier jet au moins, la régularité est importante, justement, pour garder intacte cette envie impérieuse de livrer une histoire.

Je sors un roman par an mais, selon la disponibilité que me laisse mon autre vie, le premier jet peut me prendre entre trois et neuf mois. Une Vie Meilleure et Female ont été écrit en trois mois. Le fauteuil de César en six mois, Playlist en huit mois. Mais dans tous les cas, j’ai toujours écrit au moins une fois par semaine. Pas par obligation. Par envie d’y revenir, de retrouver mes personnages, d’avancer, de trouver l’issue. Par plaisir surtout.

C’est drôle, cela fait deux semaines que j’ai commencé mon dernier roman et j’ai remarqué que mes cessions d’écriture, si elles se limitent malheureusement au week-end, sont extrêmement denses, émotionnelles et productives.

Sûrement les effets du manque !!! :)

 

14 Oct 2019

Oui, MAIS ...

Je ne sais pour vous, mais j’ai un peu de mal avec les restrictions qu’impliquent un « mais », planté au milieu d’une phrase qui était censée encourager ou souligner un effort. Certainement une question d’éducation, car je crois que l’on est plus réceptif au « mais » au plus jeune âge, lorsqu’il vient de ses parents ou des personnes dont on attend une certaine forme de reconnaissance pour grandir. Il est vrai qu’enfant, il me semblait que le « mais » annulait tout ce que l’on pouvait m’avoir dit de positif avant.

MAIS… je dois bien avouer, qu’encore aujourd’hui, que ce soit pour moi ou pour les autres, j’ai ce sentiment profond d’injustice et d’agacement lorsque je constate cette manie très française, qui consiste à poser rapidement un point positif, pour mieux souligner, ensuite, ce qui ne va pas.

MAIS, comme je suis conscience du côté épidermique que ce « mais » réveille en moi, j’ai réfléchi, et me suis aperçue que le « mais » n’était pas toujours négatif.

Car, en fait, il existe deux catégories de « oui mais ».

Le « oui, mais » :
Le premier « oui mais » déguise un point négatif en argument secondaire, alors qu’il constitue la première chose que la personne tient à exprimer. C’est une critique que l’on aura simplement contrebalancé d’une brève note positive, histoire de rester diplomate : « Tu as bien joué, mais il aurait fallu être beaucoup plus combatif », « Tes résultats sont satisfaisants mais ta moyenne énormément baissé en math »… Et si ce « oui, mais » est aussi négatif, c’est que, la plupart du temps, il n’argumente pas autour des efforts qui ont été faits ou des pistes de progression. Il juge, un point c’est tout.

Le « oui, mais ouiii »
Ce second « oui mais » consiste tirer la personne vers le haut en soulignant les réalisations positives, mais aussi tout le potentiel encore non exploité et qui pourrait l’être. C’est un « mais » d’encouragement qui s’appuie sur du bien pour faire du mieux. « Tu as sauté 1m 50, c’est génial, mais je suis certaine qu’avec tes aptitudes, tu peux aller au-delà en t’entraînant encore quelques mois » « Ta nouvelle est excellente mais tu peux en faire une histoire encore plus inquiétante rallongeant cette scène ».  

Le, « oui mais » pour être utile, positif, doit émaner d’une personne empathique et, si possible, compétente. Une personne qui n’est pas là d’abord pour juger mais pour vous aider à progresser.

J’évoquais au début de cet article le défaut très français de critiquer avant de récompenser, un défaut qui peut être lourd de conséquence. En tant qu’auteur, communicante et, aussi, être humain, je connais le pouvoir des mots et, si je m’attache aujourd’hui à souligner ces petites nuances qui font toute la différence, c’est parce que je suis persuadée que prendre conscience du pouvoir d'un "oui mais", peut-être bénéfique aux relations humaines, que ce soit dans le domaine personnel ou professionnel. 

Alors je vous souhaite une belle semaine, pleine  de "oui mais ouiiii " et d’encouragements !  

06 Oct 2019

Retour à l'écriture

Après un samedi de cogitation intense et de prises de notes dans mon Moleskine, j’ai écrit hier les 1200 premiers mots de mon prochain roman. Un premier chapitre, comme un plongeon dans un inconnu étrangement familier. La rencontre avec mon personnage principal, un homme dont le destin trottait dans ma tête depuis deux mois déjà. Un voyage dans nouvel univers, comme dans un pays que l’on visite pour la première fois : on a beau connaitre sa destination, on ne sait jamais exactement quels chemins on va prendre pour y arriver, n'est-ce pas ?

L’excitation, à l’aube d’un nouveau roman.

L’émerveillement et le stress qui montent durant les dernières heures avant le passage à l’acte, avant l’entrée dans cette bulle dans laquelle je vais vivre pendant des mois. Ces derniers moments où le cerveau bouillonne, affine, précise et vise, avant de me donner le feu vert pour l’écriture. C’est au cours de cette dernière ligne droite, lors d’un rendez-vous en centre-ville, que l’âge et les traits de mon héros se sont dessinés, en croisant un inconnu dans la rue. Lors d’une de mes dernières séances de jogging que les règles du réseau social qui est au centre de mon histoire se sont précisées…

Un nouvel univers qui, tout en étant empreint de ma « patte », constitue une certaine rupture avec mes deux romans précédents.

Après deux histoires tournées vers le passé, je renoue avec une forme de dystopie et un dynamisme qui colle à mon état d’esprit du moment. Une envie de regarder devant et d’imaginer l’avenir, pour le meilleur (et pour le pire bien sûr ;), aux côtés d’un héros prêt à suivre ma plume au rythme de mes émotions, de mes réflexions. et de mon imagination.

Mon cerveau, comme un outil magique, et ma créativité, comme un bonheur sans limite, : voilà de quoi je suis riche. Voilà ce qui me pousse, une fois encore, à reprendre la plume, heureuse et curieuse, comme une enfant.

Bonne semaine  à tous !  Et n'oubliez pas de vous amuser à créer ! 

30 Sep 2019

Une intelligence solide

L’autre jour à la radio, un médecin évoquait le soutien que lui avait apporté un de ses pairs, plus âgé que lui, au début de son apprentissage. Il décrivait cet homme comme un mélange de connaissances et d’assurance, la personne vers qui tout le monde pouvait se tourner en cas de doutes, et résuma le tout en deux mots : une intelligence solide. Puis il ajouta que, malgré cela, il fût surpris de voir cet homme à l’expérience et à la sagesse si grandes, pleurer encore à chaudes larmes en évoquant un accident de la route lors duquel deux adolescents étaient morts, et sur les lieux duquel il avait été appelé en urgence… trente ans plus tôt !

Derrière mon volant, j’écoutais la suite des propos du médecin tout en restant accrochée à ces mots d’« intelligence solide » qui, sans que je sache vraiment pourquoi, avaient résonné en moi comme une vérité, peut-être aussi comme une reconnaissance.

Pourquoi devrait-on, pour être reconnu comme compétent, se déconnecter de ses émotions ? Pourquoi les connaissances devrait-elle forcément être froides pour être maitrisées. Je suis persuadée que si ce docteur était si sage et si apprécié, c’est précisément parce que l’on pouvait deviner en lui cette grande empathie. Parce que le savoir qu’il transmettait à ses étudiants allait au-delà des connaissances pures et des faits avérés.   

À l’école, on nous apprend à calculer, à prouver, à anticiper mais qu’en est-il de l’interprétation personnelle, émotionnelle du savoir ? Plus tard, le monde du travail nous apprend à garder pour nous nos états d’âme. Le pragmatisme l’emporte, sous prétexte d’une conjoncture difficile …  Combien d’entre nous ont-ils eu la chance de croiser une personne qui sache lui transmettre avec son cœur, le nourrir avec ses émotions, autant qu’avec ses connaissances ? 

Et pourtant…

Une intelligence solide, respectueuse des ressentis. Une intelligence du cœur et de l’esprit. Une intelligence indépendante et forte, parce qu’incarnée. Dans une société qui oppose souvent la force du pouvoir à la faiblesse des émotions, je trouve important de remettre en avant la puissance du cœur et de ce qu’il permet de réaliser.
Pourtant longtemps persuadée qu’il fallait que je taise mes émotions ou que je m’endurcisse pour avancer, j’ai aujourd’hui la chance - ou peut-être me la suis-je donnée ? -  de travailler et de vivre en pouvant exprimer mes ressentis. De pouvoir transmettre à des entreprises, des auteurs ou des étudiants, autant avec mon intelligence qu’avec mon cœur. Et il me semble que cela ne m’enlève aucun pouvoir d'agir, bien au contraire.
C’est pourquoi j’aime à penser que l’intelligence solide, celle qui vient aussi du cœur, n’est pas qu’un vœu pieux mais aussi l’avenir de l’homme.

16 Sep 2019

J’aime regarder les couples qui marchent sur la plage …

J’aime regarder les filles qui marchent sur la plage … Vous vous souvenez de ce tube des années 80 ? Eh bien pour moi c’est pareil, sauf que c’est vers les couples que se porte mon attention. Lorsque je suis à la plage, je ne peux m’empêcher de les regarder vivre, évoluer : la façon dont ils marchent ensemble, sur le chemin de caillebotis, main dans la main ou bien encore chargés d’une dispute à laquelle je n’ai pas assisté.  La manière dont ils déballent leurs affaires et vérifient leur allure, au moment d’ôter leur short ou leur T-shirt. Leur façon de s’ignorer, chacun sur leur serviette, ou de chahuter l’un sur l’autre, en s’effleurant. Les jeunes couples sages, jouant aux adultes sous l’œil de leurs parents ; ceux, beaucoup plus âgés, s’embrassant comme ils le faisaient déjà il y a longtemps…    

Un peu comme à la terrasse d’un café, je les observe, avec une curiosité d’écrivain, imaginant leur vie, leurs parcours et leurs secrets.  

Allez savoir pourquoi, j’ai toujours considéré le couple comme une grande énigme, cachée dans un écrin étrangement stéréotypé. Pour moi la vie à deux est un mystère passionnant, un huis clos improbable, une intimité quotidienne qui peut cacher une multitude d’histoires que la plupart des gens résument à quelques photos encadrées.

La face cachée des couples est un thème figurant dans chacun de mes romans, en toile de fond. Parents aux secrets inavouables, couples en colère, adultères, amours destructeurs, compensatoires ou libérateurs… Le couple est un révélateur de personnalité, un baromètre de l’amour que chacun se porte, et une source inépuisable d’inspiration. Mon dernier roman n’a pas échappé à la règle… La preuve en images avec l’extrait de Playlist qui illustre cet article.

Bonne semaine à tous, en couple ou célibataires ;)

09 Sep 2019

Certains moments sont incertains

Certains moments sont incertains, nous faisant basculer dans un monde à la fois inconnu et excitant.

Drôle de réaliser, ce week-end, au travers de souvenirs remontés par Facebook, que ma vie a changé d’orientation il y a 6 ans, avec l’écriture d’un roman au titre évocateur : « La Bascule ». Ce livre était mon second, et le premier que j’allais montrer au grand jour. Un roman à la fois savoureux et libérateur, terminé l’année même de la création de mon projet booknseries. Un roman inspiré du monde de l’entreprise dans lequel j’évoluais à l’époque depuis déjà 15 ans et dans lequel je commençais à me sentir usée par certains comportements, de plus en plus à l’encontre de mon état d’esprit et de mes envies. J’ai pris un grand plaisir, je l'avoue, à me moquer des règles et des codes propres aux PME et à les faire subir à Denis, mon cadre moyen et psychopathe en devenir. Mais, au-delà de l’exercice de style, ce roman était annonciateur d’un changement de paradigme. Véritable déclencheur, il a donné à mon écriture ses premiers lecteurs et a définitivement réveillé mon désir de donner un angle nouveau à ma vie, de donner plus de voix à la femme que je voulais être, au fond de moi.

Six ans plus tard, je repense aux réactions, face à ce coming out d’auteur, face à l’annonce de l’aventure booknseries, dont mon entourage découvrait l’existence, en même temps que celle de mes livres. Je me souviens de ma peur d’être jugée, celle qui a certainement attiré à moi la critique de quelques-uns. De la surprise aussi, de me trouver des supporters au cœur même de mon lieu de travail. De ce shooting à Paris en t-shirt booknseries, de cette rencontre à Lille avec Thebookedition.com, mon projet sous le bras, et de leur invitation sur leur stand au Salon du Livre de Paris. De l’annonce de ma première dédicace …

Lorsque je songe à la Laure de cette époque-là, je revois une enfant ébahie de se découvrir un tel culot, heureuse de se sentir à nouveau vivante, un peu inconsciente aussi. Ma deuxième vie a commencé à ce moment- là, pleine d’aléas et de nouveauté, aussi excitante et réjouissante qu’une veille de Noël…  

Depuis, beaucoup de choses se sont passées, d’autres ont mûri lentement, mais ma plume est toujours là, booknseries aussi, et une autre aventure professionnelle, correspondant à ma personnalité et à mon parcours, est venue compléter le tableau.  

Il y a 6 ans je bousculai ma vie sans savoir quelles seraient les conséquences. Un mélange de joie intense et d’incertitude… Mais n’est-ce pas à ce prix que l’on bascule dans ses rêves ?

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