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20 Jul 2020

Viens, je t’emmène dans le bleu

Comme sa couverture ne l’indique pas, mon dernier livre, « Seconde chance » est aussi une histoire bleue. Bleue comme la beauté de la Crète. De son ciel. De sa mer.

Une grande partie de mon roman à suspense se déroule là-bas, sur cette île dont j’ai eu la chance de visiter une partie l’été dernier. Un paradis qui s’est imposé à moi comme une évidence.
En voyant ces paysages écrasés sous la chaleur d’un soleil de feu, je me suis tout de suite dit que mon roman aurait cette couleur pour toile de fond : ce bleu omniprésent, obsédant… Bleu comme l’enfer, comme l’a écrit Philippe Djian… Le bleu et les éléments naturels pour rappeler l’importance et la force du réel, dans une époque où le virtuel cherche, partout, à l'emporter.

Les îles, tout comme le désert, ont toujours eu sur moi un effet un peu magique. J’ai l’impression que, là-bas, la vie et les mentalités y sont différentes, épargnées par la contamination du continent. Les insulaires gardent leurs secrets à l’abri des regards et choisissent leurs réfugiés... Un contexte qui réveille l’imaginaire de la romancière que je suis !

J’espère en tous cas que ce décor vous invitera au voyage. Si c’est le cas, mon roman est disponible ici ;) https://laure-lapegue.iggybook.com/fr/seconde-chance/

13 Jul 2020

Génération Z

J’ai de la chance. Voilà ce que mon fils aîné m’a dit l’autre jour alors qu’il rentrait d’une soirée passée avec l’un de ses meilleurs amis.
Très bien ! lui ai-je répondu. Et pourquoi penses-tu cela ?
Je suis en bonne santé, j’ai un cadre de vie super agréable, j’ai des amis fidèles et francs… non vraiment, je suis heureux.
Je suis restée là, à savourer ces mots qui venaient rassurer la mère et ravir la femme que je suis. Si mon fils avait trouvé le secret du bonheur à 19 ans, alors peut être cette génération ne perdrait-elle pas, autant que la nôtre, un temps précieux à trouver une place dans ce monde, à comprendre la beauté de la vie et la valeur des joies simples ?

C’est de cette réflexion qu’est né Simon, le jeune héros de mon roman « Seconde Chance », de celle que la prochaine génération devrait se battre pour affirmer une vision nouvelle de la société, redoutée par les anciens et pourtant indispensable à l’avenir d’une humanité qui se perd en se coupant du monde depuis de trop nombreuses années.
Le Z, comme un signe prémonitoire. Il faut effectivement repartir de Zéro. Réinventer sa vie dans un contexte sécuritaire où le seul avantage est que l’on a beaucoup moins à perdre que les générations précédentes et beaucoup à construire.
J’ai voulu partager cette question de l’avenir de nos jeunes avec mes lecteurs, car je trouve que leur avis, comme leurs émotions, sont trop souvent sous-estimés, réduits à de la fougue, sûrement par jalousie de la part de tous ceux qui ont enterré la leur depuis longtemps.

J’ai dédié ce livre à mes fils et à tous les enfants qui changeront la vision de notre monde, je le refais aujourd’hui, à 5 jours de sa sortie, du fond de mon cœur.

06 Jul 2020

Dystopie, Uchronie ou sociologie

Je vous l’avais promis, eh bien la voilà, la quatrième de couverture de mon prochain roman, un suspense s’inscrivant dans un avenir à la fois proche et déformé.

Comme lors de l’écriture de mon roman Female, où j’avais placé mon héroïne en 2050, au cœur d’un état gouverné par des lois féministes, j’ai voulu ici projeter le lecteur dans un futur possible et source d’enjeux moraux et politiques. Un monde où les réseaux sociaux joueraient un rôle crucial, influençant  le mode d’expression de l’individu en société.

2035. C’est la date à laquelle se passe mon récit. Un roman d’anticipation donc. Mais de quel genre ?

L’anticipation, en écriture, peut prendre différentes formes.

La dystopie, que l’on retrouve par exemple dans La Servante Écarlate, ( livre ou série que vous connaissez certainement tous) décrit un avenir sombre et régi par des lois despotiques.

L’uchronie, autre forme de science-fiction, consiste à changer un élément du passé et à réécrire l’Histoire. Ainsi, dans son roman Voyage, Stephen Baxter part-il de l’hypothèse que John Fitzgerald Kennedy n'aurait pas été assassiné pour construire son récit.

Pourtant, et même si mon dernier roman pourrait entrer dans l’une de ces deux catégories, de par sa chronologie et son contexte, je ne le vois pas comme un roman de science-fiction, et ce pour deux raisons.
D’une part, mon écrit est ancré dans un décor et une réalité dans laquelle chacun peut s’imaginer vivre aujourd’hui. D’autre part, ma façon de traiter l’anticipation est, avant tout, sociologique, axée sur l’évolution de mon personnage au sein d’une société régie par un mélange de coutumes passéistes et de tendances nouvelles. J’ai d’ailleurs failli ne mettre aucune date sur ce roman, pour que le lecteur oublie la notion du temps. Un peu comme dans certains épisodes de la série Black Mirror, où les dérives technologiques semblent s’inviter peu à peu dans notre quotidien, sans que l’on s’en aperçoive.  

Alors afin éviter les cases, je ne vais pas trancher aujourd’hui sur le genre et vous laisserai seuls juges de cette « Seconde Chance », un récit qui, je l’espère, ne vous laissera pas indifférents .

29 Jun 2020

Vous faites quoi dans la vie ?

C’est la question que nous a posée un jeune homme à la recherche d’un briquet alors que nous étions, moi et mes complices de soirée à la terrasse d’un bar de Bordeaux.

Ben un tas de choses ! lui ai-je répondu. Danser et boire des verres n’est pas notre seule occupation !

Il a souri, un peu mal à l’aise, puis a insisté pour savoir quels métiers nous exercions.

Call girl en pré-retraite, joueuse de banjo… moi et mes amies nous sommes amusées à ne pas lui répondre tandis que ses camarades, restés un peu à l’écart, nous apprenaient, que lui, était assureur…  Nous l’avons félicité et il est parti, avec son feu mais sans avoir de réponse à sa question.

Que faites-vous dans la vie ?

Plus le temps passe et plus cette formulation me semble ridicule.

D’abord parce qu’elle est mécanique, impersonnelle. Ensuite parce qu’elle montre ce besoin de savoir absolument à qui on a affaire, sur le plan professionnel, avant d’envisager la personne que l’on a en face de soi.

Plus le temps passe et plus j’ai de mal à répondre à cette question en une seule phrase.

Fût une époque où mon métier était unique et où il représentait 90 % de ma vie.  Aujourd’hui, je vois plutôt mon travail comme une activité lucrative, parmi d’autres qui le sont moins ou pas du tout.  Écrire, discuter, communiquer, vendre, lire, jouer, danser, voyager, faire du sport, rencontrer des gens … Je fais un tas de choses dont chacune représente une part de ma personnalité. Dès lors, me présenter comme « consultante en stratégie de marque » me semblerait extrêmement réducteur.  

La situation professionnelle, parce qu’elle est attachée à un milieu social et à un pouvoir financier, reste, encore aujourd’hui, le principal moyen de se valoriser auprès des autres, de briller en société. De se faire une place dans la vie.

Or le travail n’est qu’un moyen de gagner de l’argent, tout en s’épanouissant le plus possible, surtout si on travaille beaucoup. Selon les personnes le métier offrira peut-être une occasion de faire des rencontres, de voyager, de créer...

Mais, dans tous les cas, il ne nous définit pas totalement. Ce qui nous définit c’est tout ce que nous faisons toute la journée ainsi que notre état d’esprit : notre sourire, notre optimisme, nos émotions, nos envies…

J’ai le sentiment que la génération qui arrive sur le monde du travail sait déjà cela. Qu ’elle a, pour partie, intégré l’importance de se réaliser et de travaillet pour vivre, et non l’inverse. Mais il reste encore des traces de ces schémas anciens, inculqués de générations en générations et transmis par le corps enseignant.  
Ce constat a nourri une partie de mon prochain roman. L’idée que la réussite professionnelle n’est pas tout et que, si nous n’y prenons pas garde, elle peut devenir une quête épuisante qui nous éloigne de ce que nous sommes, un fardeau lourd à porter dans une société porteuse de nombreux préjugés.

Je souhaite, en tous cas que, dans quelques années, on ne demandera plus à quelqu’un ce qu’il fait mais plutôt ce qu’il sait faire et ce qu’il aime faire.

Et vous ? Qu’aimez-vous faire dans la vie ? ;)

22 Jun 2020

Le temps de l'édition

À chaque nouveau roman, le public qui m’attend ( et je l’en remercie ! ) me demande pourquoi il se passe autant de temps entre le moment où je termine un manuscrit et celui où je le publie.

Bien sûr il faut relire et corriger, mais pourquoi cela prend-il presque autant de semaines que la phase d’écriture ?

Eh bien je dois déjà vous avouer que cela n’a pas toujours été le cas. Pour mes deux premiers romans, le texte partait chez ma correctrice après une relecture et je ne relisais qu’une fois le roman à son retour, en biais, de peur de détester ce que j’allais publier et de faire machine arrière !

À partir de mon troisième roman, le nombre de relectures avant envoi a augmenté, ainsi que le nombre d’échanges avec ma correctrice autour de l’histoire et des tournures, mais l’édition allait relativement vite, car je ne voyais pas encore toujours dans le détail tous les aspects de l’histoire que j’aurais pu améliorer ou enrichir avant de publier. Je n'étais pas encore non plus assez  à l'aise avec mon style pour savoir l'améliorer seule, pour le rendre plus percutant.

Ce n’est qu’à partir de mon polar "Une vie meilleure " , et surtout avec "Female" , peut être aussi parce que j’avais désormais davantage de temps à consacrer à l’écriture et une plus grande confiance en moi, que j’ai vraiment eu envie de mettre l’édition au même niveau que l’écriture. D'y prendre du plaisir et de lui consacrer le temps nécessaire afin de n’avoir aucun regret.

Beaucoup de gens pensent que la correction d’un livre consiste principalement à faire vérifier son orthographe. Mais cette partie, certes indispensable, n’est qu’une infime partie du travail d’édition.  

Alors en quoi consiste ce travail me direz-vous ?

Je vais essayer de vous décrire cela… Tout du moins en ce qui me concerne :)

Éditer c’est déjà, après avoir laissé reposer son manuscrit une ou deux semaines, se relire, deux, trois, quatre fois… jusqu’à ce que les tournures de phrases soient satisfaisantes, les premières fautes effacées et surtout, l’histoire bien ficelée. Quand on écrit sur plusieurs mois, même avec un plan, l’histoire et les personnages dérivent toujours un peu, si bien qu’il existe forcément des incohérences à lisser ou des précisions à apporter à différents endroits du récit.

Une fois le premier jet ainsi poli, je le transmets à ma correctrice qui fait aussi un travail d’édition. Après sa première lecture nous nous appelons durant 3 ou 4 heures pour balayer ses remarques, tant sur le fond que la forme, parler grammaire et orthographe (j’apprends de nouvelles règles à chaque roman !) et choisir ensemble parmi les options de récit suggérées.

Ensuite, elle procède à une seconde lecture, toujours à la chasse d’éventuelles coquilles, mais cette fois, comme elle connait la fin de l’histoire, elle regarde aussi s’il ne faudrait pas ajouter, ça et là, un petit détail qui lèvera un doute ou qui fera la différence.

Ensuite, et après un autre échange avec elle, je récupère le bébé et procède à une lecture à voix haute (que j’ai d’ailleurs faite ce week-end :). L’avantage de la lecture à voix haute — introduite dans mon processus d’édition avec mon huis-clos "Le fauteuil de César", car il contenait  de nombreux dialogues ­— est qu’elle permet à la fois de vérifier le style, d’ôter les dernières répétitions et de valider la fluidité des dialogues. Durant cette étape, je revois aussi l’organisation des paragraphes, afin que le texte reste logique tout en étant léger et agréable à lire.

Le manuscrit repart ensuite chez ma correctrice pour une dernière lecture qui sera suivie de la mienne, couplée avec un contrôle de la mise en page.

Pendant ces échanges, mon illustrateur aura reçu une des premières versions du manuscrit, et nous aurons échangé sur la couverture. Certains lecteurs de confiance auront aussi eu une version bêta du roman: leurs retours seront, entre autres, à même de m’aiguiller sur les leviers à utiliser pour écrire la quatrième de couverture ou pour déterminer un angle de promotion du roman. 

Mon objectif est que la validation de la couverture soit concomitante de celle du manuscrit.

Ceci fait, je me laisse deux semaines pour faire les formats epub et mobi, finaliser la version imprimée et commander un exemplaire papier de validation .

Voilà, mes amis pourquoi cette étape prend du temps, souvent près de deux mois.

Je sais, au moment où je l’édite, que mon livre n’est pas parfait, mais il l’est, à mes yeux, car j’ai fait le maximum pour qu’il vous plaise et vous arrive sous son meilleur jour, tant sur le fond que sur la forme.

Alors je vous demande encore un peu de patience, le prochain roman suspense de votre serviteur sera disponible… en principe pour la mi-juillet ;)  

Merci à tous de me suivre et de me lire et belle semaine !           

15 Jun 2020

Demain commence aujourd’hui

On ne cesse de nous en parler, de l’après, du lendemain, de cet inconnu effrayant que seuls certains seraient à même de discerner, au travers d’une boule de cristal ou bien de calculs savants...

Mais imaginons un instant que l’avenir faisse partie du présent ? Qu’il ne soit plus une zone floue et inquiétante mais la part d’un tout, dont nous aurions l’intuition.

Si, en tant qu’auteur, j’ai tendance à inscrire mes histoires dans le présent, j’ai toujours en tête l’idée que mes héros, tout comme notre société, avancent au travers de ce que certains appelleront le destin, mais que, personnellement, je vois plutôt comme un chemin à parcourir. Sur cette route, tous les choix existent, mais le personnage est libre d’aller où il le souhaite. Un peu comme dans un jeu de rôle où les options et les issues ont déjà été posées, le joueur faisant telle ou telle action, qui le mènera à telle ou telle fin.

En littérature, la dystopie est une bonne illustration de cette vision, mêlant futur et intuition. Une façon de se projeter dans un avenir proche, en l’occurrence inquiétant. Un exercice de style que j’ai adoré utiliser pour mon roman Female, dans lequel je place le monde dans une dictature féministe au cœur de laquelle mon héroïne, âgée de 30 ans en 2050, a du mal à évoluer. Dans cette histoire, la science-fiction n’est pas l’effet recherché. Pas de voitures volantes, ni d’extraterrestres. Simplement une exagération de notre présent, comme si un miroir déformant ou une paire de jumelles, m’avait permis de me projeter un peu plus loin, dans un des futurs possibles.

C’est cette même approche que j’ai choisi d’avoir pour mon huitième et prochain roman, "Seconde chance", tout en resserrant encore la notion d'avenir. À une quinzaine d’années d’ici à peine. Le temps que les choses évoluent, sans avoir le temps de changer vraiment. Une façon de parler à mes lecteurs, mes contemporains, de cette route sur laquelle nous évoluons tous, des chemins qui nous font grandir et de ceux qui peuvent nous réduire à l’état de fourmis.

Pour moi, demain, comme hier, font partie d’aujourd’hui, exactement comme la vie de chaque individu est lié à celle de l’ensemble des êtres vivants. C’est pourquoi, dans mes écrits, je présente la quête identitaire au travers d’une vaste série de choix que l’on peut inverser, et non au travers de la réalisation d’un destin à la fois inconnu et immuable.

Et vous ? Comment percevez-vous l’avenir ? Avez-vous le sentiment qu’il vous appartient ?

07 Jun 2020

Dénoncer, ce n’est pas exagérer.

La semaine dernière a été marquée par une nouvelle vague de révolte populaire face aux insupportables violences infligées à un homme, simplement à cause de sa couleur de peau.

Manifestations, écrans noirs, révoltes … et pourtant.

Aussi grande soit la révolte, aussi forte soit-elle, force est de constater qu’elle n’est malheureusement pas la première (Watts en 1965, Oscar Grant en 2009, Zimmerman en 2012… et ce, uniquement aux USA) et, par conséquent, peut-être pas la dernière.

Alors pourquoi, malgré les manifestations, les preuves et les pleurs, rien ne change vraiment ?
Pourquoi la justice est-elle sans cesse remise en cause ?
Bien sûr, les pouvoirs en place ne font pas tout ce qu’il faut pour que la loi soit respectée mais, est-ce la seule raison ?

J’ai regardé cette semaine le film « Rodney King » de Spike Lee, un one man show qui retrace le parcours de cet afro-américain, devenu malgré lui une icône de la lutte anti-racisme en subissant, en 1991, l’un des plus gros passages à tabac jamais répertorié par la police de LA. On y retrouve, bien sûr, toute l’injustice liée à l’attitude des policiers, mais aussi la dénonciation de la violence quotidienne des hommes entre eux, encouragée par le port d’arme, la vie dans certains quartiers, les addictions, et un ensemble de facteurs sociaux et culturels, qui finissent par transformer les crimes contre l’humanité en faits divers.

Faut-il donc qu’un ange soit tué pour que l’on prenne acte d’un meurtre ?

Même pas. Quelques semaines avant Georges Floyd, un jeune joggeur afro américain a été tué en Géorgie par deux citoyens blancs du quartier parce qu’ils supposaient qu’il était un cambrioleur venant se pavaner sur les lieux de son forfait. Ce crime n’a pas plus ému que les précédents. Pourtant, là encore, il y avait une vidéo et la victime était, elle aussi, un citoyen sans histoire.  

Et si l’explication à l’immobilisme était ailleurs ? Dans le poids des habitudes, dans la sidération de l’homme face à sa propre abomination ? Celle qui fait que, nous, êtres humains, parts indissociables d’une communauté et d’un environnement, sujets de la même société dite civilisée, devenons les complices passifs de ces crimes générés par une peur et une haine irrationnelle de l’autre.

J’entendais, la semaine dernière, sur une chronique radio, que les injustices dénoncées par les lanceurs d’alerte étaient, le plus souvent, d’emblée targuées d’exagérations, ce qui les rendaient systématiquement et immédiatement discutables aux yeux de tous.

L’argument de l’exagération est en effet souvent utilisé pour ridiculiser ceux qui crient à l’injustice, et ce afin de minimiser des faits qui ne sont pourtant que la triste vérité. Combien de personnes luttant aujourd’hui contre la discrimination ou la destruction de l’environnement sont-elles ainsi traitées d’extrémistes par une grande partie de la population ?  

Alors oui, on ne peut pas passer son temps à se battre et à se révolter mais, si nous reprenons l’exemple du peuple afro-américain, qui, depuis des générations, se transmet via « the talk » l’attitude sage à avoir face à la police pour ne pas avoir de problème, on peut quand même se dire que l’acceptation n’est pas la solution. Ni la politique de l’autruche. Il faut continuer à dénoncer, partout et sans relâche, ce qui nous choque, ce qui nous fait honte, ce qui n’est pas digne de notre humanité, pour que les choses changent.

Pour que nous comprenions enfin que les injustices montrées du doigt ne sont pas des exagérations émanant de quelques victimes éparses et revanchardes, mais bien des alertes sur lesquelles il faut s’arrêter pour éviter les dérives qui font qu’au fil des décennies, puis des siècles, le pire visage de l’humanité se transforme en coutume.

Belle semaine les amis. Restez éveillés et révoltés à chaque fois que votre cœur vous le dicte .  

 

Photo extraite du film « Rodney King » de Spike Lee,

24 May 2020

Perpétuel débutant

J’ai regardé hier soir un excellent reportage sur arte, retraçant la carrière de l’impressionnant Michel Piccoli.

Passionné par son métier plus que par les rôles. Par le sujet, plus que par le succès. Amoureux de ses metteurs en scènes plutôt que de ses partenaires.

Cet homme, très bel homme pour l’époque, qui n’avait pas peur de prendre le rôle du méchant, du dégoûtant même, pour servir les histoires. Qui ne craignait pas de passer du haut de l’affiche, au film d’auteur. De se mettre en danger pour soutenir un projet. Cet acteur engagé, en premier lieu pour son art, mais aussi dans la vie, toujours fidèle à ses convictions et honnête face à ses contradictions.

J’ai regardé ce reportage et j’ai ressenti une authenticité, une modestie, une forme de pudeur et une grande force, qui m’ont touchée et ont fait écho en moi.

Le sentiment d’avoir affaire à grand artiste, talentueux et indépendant, tant par ses idées que de par vision du monde.

J’ai écouté cet homme, à la veille de sa mort, parler avec une grande tendresse d’une vie dont il ne semblait rien regretter, si ce n’est qu’elle ne fût plus longue…
J’ai regardé ce visage doux et souriant et ces yeux encore pétillants, à près de 95 printemps, et je me suis dit, il est là le secret de la vie.

Avancer comme un perpétuel débutant, toujours chercher à apprendre, à comprendre. Rester curieux. Rester libre. Avoir des projets. Réfléchir avec le cœur. Ne rien considérer comme étant acquis. Ne pas écouter ce qui se dit mais regarder ce qui se passe. Toujours défendre ses idées, avec fermeté et authenticité, sans craindre les critiques.

Un portrait inspirant, pour l’auteure et la femme que je suis, surtout en ces temps bousculés .   

source image : INA 

18 May 2020

Décalée

Étrange température en moi.

Cette vague impression que le flot de la vie quotidienne a repris sans moi.

Peut-être est-ce ma crainte de voir la folie du monde vaincre à nouveau ? Peut-être le fait que je ne me sois pas arrêtée de vivre ni de travailler pendant deux mois ?

Dans les jardins voisins, c’est l’excitation des retrouvailles, les bouteilles que l’on vide dans des éclats de rire.
Moi j’ai envie de calme, de buller, de me poser et d’écrire.

Dans la nuit, une voiture me réveille, virages au frein à main dans le quartier désert.
Étrange vision que celle d’avoir mis certains lions en cage et de les libérer intacts, avec toute leur rage.

Dans mon ordinateur les photos de la cour du collège, marquée de zones individuelles, dessinées à la craie. Mon fils me regarde : Dis maman ? Je ne suis pas obligé d’y aller ? Non mon amour, aller jouer avec tes potes est un bien meilleur moyen de te sociabiliser.

Dès lundi matin, la vie reprend, presque aussi bruyante qu’avant.
Libérés mais pas délivrés, les hommes se remettent en route et moi, depuis mon bureau, je les entends faire. Sont-ils heureux d’aller travailler, de retourner à leurs affaires ?

La Terre se serait-elle arrêtée de tourner un instant pour reprendre son mouvement ?
Pour moi il s’agissait davantage d’un coup de frein, histoire de s’assurer que l’on voulait tous reprendre le bon chemin.
Mais a-t-on tous vu la même chose ? Ou bien ce qui nous arrangeait ?

En même temps, comment retourner dans le bain dont l’eau nous a brûlés ?

Étrange sentiment. Envie de continuer à tracer mon chemin plutôt que de prendre l’autoroute. De ne pas faire de plans et voir ce qui se passe, un peu comme mon chat, posé sur la terrasse.

Et vous les amis, comment vivez-vous retour dans le grand bain ?

10 May 2020

Pourquoi je pleure. Pourquoi j’écris

Ma plume a toujours été mue par la question « Qui suis-je » , une question à laquelle la majorité d’entre nous répond trop rapidement par une phrase très limitative, commençant par un « JE SUIS », suivi d’un portrait-robot fait d’un mélange d’éducation, de références sociales et de commentaires répétés depuis toujours par un entourage.
Nous pensons ce que nous sommes au lieu de vivre ce que nous pouvons être.
Cette approche a déjà tendance à porter préjudice à l’homme à l’échelle individuelle, le forçant souvent à vivre dans un schéma nocif, tant pour sa santé que pour son environnement. Mais imaginez-vous ce que cela donne à l’échelle d’une nation ou de la planète ?

Alors bien sûr, il faut bien se définir par rapport à quelque chose. Mais comment être libres si nos critères sont toujours établis par les autres ? Comment compter sur l’évolution naturelle des nouvelles générations si nous n’ouvrons pas les portes de leur esprit au lieu de continuer à les cloisonner dans le passé et un pessimisme ambiant ?

C’est en faisant la première relecture de mon prochain roman que je me suis aperçue qu’il était avant tout un message dédié à cette jeunesse, sacrifiée sur l’autel d’un fatalisme généralisé.
Un message pour lui dire qu’elle peut être ce qu’elle veut, se défaire du poids des précédentes générations, nourries par la guerre, la crise économique, et le progrès à tout prix.

J’ai reçu ce week-end les normes de retour en cours des élèves de collège et, je dois l’avouer, j’ai pleuré en lisant dans quelles conditions dites « sanitaires » nous allions leur proposer un retour à la vie « normale ».
Ces jeunes, qui, quoi qu’on en dise, paient le prix fort d’un virus qui, jusqu’à preuve du contraire, n’a tué, en très grande majorité, que des personnes déjà atteintes de facteurs aggravants, de maladies graves ou très âgées, et déjà souvent hospitalisées. Ces jeunes dont on va aliéner la liberté de circuler, d’apprendre, de grandir et de s’exprimer, tout en leur faisant éponger les phobies de leurs parents, leur détresse financière, leur peur de mourir.

Oui, j’ai pleuré, en lisant dans un quotidien que nos enfants allaient servir de cobayes pour des tests massifs dont les médecins disent eux-mêmes qu’ils ne sont pas fiables et qui permettront d’envoyer les nouvelles « brigades sanitaires » (quel mot effrayant, n’est-ce pas ?) chez leurs parents.

Oui j’ai pleuré, en entendant hier que l’état d’urgence, qui, je le rappelle, permet à des lois potentiellement contraires à nos liberté individuelles et au secret médical, d’être votées chaque jour en toute impunité, était prolongé dans l’euphorie du déconfinement.

Oui j’ai pleuré et j’ai pensé à eux. Nos enfants. Les oubliés de cette crise qui, au final, ne calculera le prix de ses morts qu’en les croisant avec une population active et un PIB.

J’ai deux enfants.
L’un a 14 ans et, dès demain, il ira jouer au foot avec ses amis parce que la vie réelle doit reprendre et que ses rêves lui appartiennent.
L’autre a 19 ans, et cette période le questionne énormément sur le sens qu’il doit donner à ses études et à sa vie en général. Nous l’accompagnons et l’encourageons à cultiver son libre arbitre et à se libérer des peurs collectives et des conventions sociales pour s’accomplir.

Je ne laisserai personne tuer leur avenir et leurs rêves, ni ceux de leurs amis, au nom d’une soit disant protection sanitaire.
Je ne laisserai personne freiner une évolution des mentalités vers un monde offrant plus de respect, de bien-être et plus de sens. Une évolution que, depuis des années, nos dirigeants refusent d’accompagner pour des raisons économiques, alors que, dans le même temps, ils sont prêts, en un mois, à mettre la France à genoux pour masquer leurs négligences.

Je suis écrivaine. A ce titre il m’apparait comme étant de ma responsabilité, en ces temps où les libertés individuelles sont au moins aussi menacées que notre santé, d’utiliser ma plume pour bouger les esprits et délier les langues.

Pensons à nos jeunes et à après-demain pour ne pas avoir à pleurer sur leur sort et sur le nôtre. 

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