Continuer à croire. Rester humains
Si l’espèce humaine passe pour supérieure, ce n’est pas tant parce qu’elle est plus douée pour la survie ou plus intelligente que les autres, c’est parce qu’elle seule sait rassembler ses membres au-delà d’une dizaine d’individus autour d’une idée. C’est ainsi que Yuval Noah Harari, auteur de « Sapiens » et invité la semaine dernière sur France Culture, soulignait avec justesse ce qui nous différencie des autres animaux.
Effectivement. Et chose plus surprenante encore, cette capacité de l’homme à fédérer en masse se fait, la plupart du temps, sur le fondement de concepts qu’il ne peut réellement vérifier, ni même parfois, comprendre.
La religion est un bel exemple de ce phénomène de rassemblement mais il n’est pas le seul. Les règles qui nous gouvernent, qu’elles concernent nos finances, notre style de vie ou même notre travail, sont toutes issues d’idées proposées par une poignée de personnes et qui finissent par être suivies par un très grand nombre. Un singe ne changera jamais d’alimentation ou de mode de vie au nom d’un dieu ou d’un régime. Un homme oui. Pourquoi ? Parce que l’homme n’avance dans la vie qu’au travers de ses nombreuses croyances. Dès sa naissance, il se raconte des histoires, en écoute d’autres, et, selon son ressenti, son expérience, fait des choix parmi elles, privilégiant celles qui sont censées le faire avancer, ou le faire grandir…
En tant que conteuse, qu’entrepreneuse et qu’être humain, je trouve très important d’entretenir la foi. Que ce soit au niveau de sa vie personnelle ou de sa vie professionnelle, l’homme a, me semble-t-il, besoin d’adjoindre à la compréhension commune des choses, sa propre vision de la vie, faite de croyances personnelles, partagées ou non. Croire à l’amour, à la famille, au succès, à une innovation technologique, à une vie meilleure, sont autant de moteurs indispensables à la vie !
Mais cette conviction, cette idée selon laquelle quelque chose de plus grand que nous doit nous rassembler pour nous rendre plus forts, comporte aussi un risque : celui que certains veuillent ériger leurs croyances en vérités absolues. Il me parait important de dissocier la croyance, source n’énergie et expression de la liberté individuelle, de la notion de savoir, dont certains se prévalent pour transformer leur vision en doctrine, puis en loi, s’imposant à tous. Si les opinions s’affrontent aussi violemment, si les religions tuent avec autant de rage, si les sociétés s’asphyxient, n’est-ce pas souvent à cause de la transformation de croyances personnelles en vérités universelles ? Vérité selon laquelle il y aurait de bons croyants et de mauvais croyants. Vérité selon laquelle seuls certaines personnes sauraient ce qui est bon pour notre santé. Vérité selon laquelle seul un certain modèle économique pourrait sauver le monde...
Si la croyance collective est un formidable outil pour l’homme, le sens de ces croyances, et par là même, leur vérité, devrait toujours, quant à lui, rester individuel. Si une partie d’entre nous n’était pas sans cesse en train de chercher à convaincre les autres de sa vérité et, de ce fait, à nommer les menteurs ou les coupables, alors peut être pourrions-nous recommencer à être partager nos points de vues, nos projets, et à croire… À croire en nous mais aussi à la politique, à l’écologie, à la religion et à l’économie, non pas en tant que vérités ultimes et figées, mais en tant qu’outils d’apprentissage, de développement personnel et de construction sociale.
Non, la croyance n’a pas vocation à effrayer, à attrister ou à abrutir les hommes. Elle est là pour émerveiller, porter nos projets et rendre optimistes tous ceux qui s’y rallient de leur plein grès.
Bonne semaine à tous les amis . Continuez à croire en vous et à tous les beaux projets qui naissent chaque jour autour de vous... <3