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01 Feb 2016

Polar vous avez dit Polar ?

C’est avec un immense plaisir que je me suis immergée ce week-end, pour les besoins d’un article, dans l’univers inquiétant de « Monsieur Ripley », oeuvre incontournable de Patricia Highsmith, un auteur dont le talent pour le suspense et les ambiances ambiguës me captive autant en tant que lectrice, qu’en tant qu’écrivain !

Or j’ai découvert par hasard que cette romancière, dite « de polar », avait confié à un ami qu’elle ne se considérait pas du tout comme un auteur de roman policier, mais avouait, par contre, aimer l'idée du suspense, et être fascinée par l'amoralité.

Découvrir cet aveu m’a particulièrement interpellée car, en tant qu’auteur de romans noirs où s’immisce le crime, je peine souvent — entre  suspense et polar ­— à classifier mes écrits. J’ai beau parler de meurtres ou de flics, je n’ai jamais le sentiment qu’il s’agisse vraiment du sujet principal. Mon attention, lorsque j’écris, est totalement centrée sur le profil psychologique de mes personnages, sur leurs dilemmes. Le crime, s’il a lieu, n’est dès lors qu’un dérapage, une opportunité d’aller observer ses conséquences irréversibles et de créer du suspense... Mais jamais une motivation première.

Or en lisant Monsieur Ripley et en en visionnant ses deux adaptations cinématographiques, j’ai réalisé qu’effectivement, la richesse de l’oeuvre, pourtant qualifiée de polar, résidait moins dans l’enquête (quasi absente d’ailleurs) que dans l’ambiance interlope et le profil borderline de Tom Ripley.   Un trio amoureux aux relations masochistes, la quête de reconnaissance sociale, la fausseté des apparences: voilà les vrais thèmes que posent ce roman. Le meurtre n’est qu’une conséquence inévitable, un billet sans retour vers la folie. 

D’ailleurs, les deux adaptations du rôle au grand écran (« Plein Soleil » de René Clément en 1960 – « Le talentueux Monsieur Ripley » d’Anthony Minghella en 1999), différentes mais finalement assez complémentaires, illustrent bien cet univers à la fois magnifique et inquiétant, où le côté psychologique des personnages prime sur le polar. Entre la froideur d’Alain Delon et la maladresse juvénile de Matt Damon, Ripley est un personnage terriblement humain dans ses souffrances et dangereusement amoral dans ses actes : c’est ce qui en fait un héros aussi fascinant.

Chabrol disait: « J'aime le polar, c'est comme une bouée de sauvetage pour explorer l'humain. On peut y présenter les pièges de l'existence, une énigme, qui est totalement ou partiellement résolue à la fin du film. » J’adore cette définition. Et si le polar n’est finalement qu’un prétexte aux questionnements de l’être humain sur son existence et une porte ouverte vers le suspense, alors oui c’est certain : j’écris bien des polars !

 

25 Jan 2016

ADN

Hier, une amie m’a envoyé via twitter mon ADN, fait d’EMOJIS twitter. Un pour Booknseries, un pour elle et moi. Il y avait des livres, des flingues, des couteaux, des (Series)TV, des stylos, des emojis qui riaient, d’autres qui pleuraient, d’autres qui s’insurgeaient… Des choppes de bière aussi ! :) Bref, une espèce de condensé visuel de ce qui me/nous caractérise ! Je me suis dit « Hey ! C’est cool ! C’est simple mais c’est cohérent ! » Et j’ai tout de suite imaginé ce que cela pourrait donner si je l’appliquais à mon dernier livre, ou que je l’élargissais à mes thèmes d’écriture. Car je perçois vraiment l’univers d’un auteur comme un ADN. Une accumulation de données aussi fortes qu’immuables qui lui dictent, non seulement ses thèmes et son genre de prédilection, mais aussi ses décors, ses héros, leurs dilemmes … Je sais que mon ADN est fait de Romans noirs, de Suspense, de Polars, d’ambiances nocturnes, de feux de cheminée, de musique rock, de personnages complexes et souvent borderline, d’histoires d’amours compliquées, de combats face à la norme établie, de questions existentielles sur la relative autonomie de l’animal social que nous sommes devenus…. Je pourrai bien sûr, durant ma carrière d’auteur, évoluer dans mon écriture, m’essayer à d’autres exercices littéraires… Mais je reste persuadée que je resterai fidèle à mon ADN. Il est à l’origine de mon univers d’auteur, il est mon moteur. Le nier serait tout simplement faire le choix de rentrer en conflit avec ma source de créativité, au risque de la tuer ! Décider d’exister en tant qu’auteur, c’est exactement comme décider d’exister en tant qu’individu : on a beau construire son image, parfois même utiliser un pseudonyme, il faut savoir reconnaître son ADN et le laisser s’affirmer … C’est, à mon sens, l'unique moyen de continuer à écrire avec justesse et originalité. 

18 Jan 2016

Suspense

«  Ce suspense est insoutenable. Pourvu qu’il dure ! ». C’est la citation d’Oscar Wilde que j’ai choisie de mettre en en-tête de ce blog… et ce n’est bien sûr pas un hasard ! Je l’ai choisie parce qu’elle exprime exactement l’état d’esprit dans lequel je prends la plume. Lorsque j’écris, je n’ai qu’une obsession : tenir le lecteur en haleine ! Entant qu’auteur, on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais une fois qu’on a accroché un lecteur, on n’a pas le droit de le décevoir. Rien de pire qu’une histoire dont le rythme ralentit ou dont la fin est prévisible bien avant les dernières pages, n’est-ce pas ? Alors comment faire pour éviter cet écueil ? De mon point de vue, maintenir un certain suspense pendant toute la durée d’un récit n’est pas seulement question de genre. Le suspense n’est pas uniquement lié aux révélations qu’entrainent la découverte d’un coupable improbable. Il passe par l’art plus complexe de distiller, un peu partout, l’envie de tourner les pages : grâce à des scènes d’action intenses et des rebondissements bien sûr, mais aussi au travers d’une découverte très progressive de personnages complexes… ou encore en utilisant un mode de narration qui ne permettra pas au lecteur d’avoir un point de vue unique, objectif sur l’histoire. « Faire croire que  », balader le lecteur en quelques sortes…  lui donner la sensation qu’il avance et, en même temps, qu’il a, jusqu’à la dernière page, quelque chose à découvrir.  Voilà mon ambition. Ma correctrice dit de moi souvent de moi que je suis « la reine du suspense ». Je n’ai pas l’habitude de  revendiquer des titres… mais j’avoue que j’emprunterais bien celui là à Mary Higgins Clark !  :)

11 Jan 2016

More than Words .

Aujourd’hui, et via l’illustration de cet article, je vous livre le tout premier extrait de mon prochain roman , « Une Vie Meilleure », qui paraitra en février prochain. Un extrait qui parle de la force des mots et, plus exactement, de la force des mots écrits sur le net.
Avez vous remarqué à quel point le fait de coucher ses pensées sur du papier a un effet amplificateur ? Comme si la transformation de nos idées en lettres formées par nos mains leur conférait un super pouvoir. Choisir ses mots, sa ponctuation, imaginer l’interprétation qu’en fera son interlocuteur et lui donner ce pouvoir grisant de garder une trace de nos pensées pour toujours…  L’arrivée du chat sur les réseaux sociaux et des SMS a encore accru cette force des mots. Alors que la production d’écrit semble banalisée, qui pourrait dire qu’un simple « Je pensais à toi »  reçu par SMS et équivalent à celui prononcé au téléphone ? Ces 4 mots, selon qui nous les envoie, la ponctuation dont ils sont suivis, l’état d’esprit dans lequel nous les recevons,  ne peuvent–il pas  être interprétés de 1000 façons... Le temps de réponse, lui aussi, est capital. L’instantanéité des moyens utilisés nourrit l’émotion, l’impatience. Un silence, même de quelques minutes, devient rapidement incompréhensible, insupportable. Tout va plus vite, tout dérape plus vite, aussi…  Malentendus, espoirs, mensonges… Les mots couchés sur l’écran peuvent transformer, remplir, détruire… Autant de raisons de jouer avec eux dans mes romans... ;)   

04 Jan 2016

Bonnes résolutions

C’est la saison des bonnes résolutions. Personnellement, je n’en prends jamais. Pas par manque de volonté. Plutôt parce que je n’aime pas l’idée de devoir changer alors que je sens que ce n’est pas le moment, et simplement parce qu’une date anniversaire me l’ordonnerait. Pourtant, je crois intimement au changement. La nécessité de saisir toutes les opportunités de vivre de nouvelles expériences, d’évoluer, surtout s’il s’agit d’être plus heureux - ou meilleur -  est d’ailleurs un thème récurrent dans mon écriture, une source d’inspiration inépuisable.

Car changer ses habitudes, même s’il s’agit d’un détail, soulève souvent une question plus grave qu’il n’y paraît : le besoin de devenir quelqu’un d’autre, l’obligation de fuir une menace, la nécessité de cacher un secret, un amour qui nous submerge… Et le changement est d’autant moins neutre qu’il met toujours l’être humain face à ce choix difficile : souffrir ou s’adapter. Or l’Homme est de moins en moins adaptable. La société formatée dans laquelle nous vivons l’a rendu inapte à supporter les désagréments du changement, s’il ne s’y est pas préparé.  Alors, bien souvent, face aux bouleversements de sa vie, la peur le rattrape et son envie de mouvement se transforme en une simple aventure, un divertissement qu’il s’empressera d’oublier en replongeant dans ses habitudes…

J’ai récemment lu un excellent livre de Tonino Benacquista, « Quelqu’un d’autre », dans lequel les deux héros, tout à fait par hasard et totalement ivres, se lancent un soir le défi de devenir celui qu’ils ont toujours rêvé d’être, tout en se donnant rendez-vous un an plus tard, pour voir s’ils y sont arrivés. Ce roman, à la fois drôle et dramatique, montre très bien à quel point le changement est au moins autant une question d’objectifs que de conséquences. Changer, c’est mettre en route un mécanisme et accepter les aléas dans son fonctionnement.   Alors oui, je vais continuer à parler du changement,  à l’observer, un carnet d’écriture toujours à portée de main… Mais pour ce qui est du nouvel an, je me contenterai de vous souhaiter sincèrement, et du fond du cœur, une très bonne année, pleine d'envies,  d’aventures extraordinaires et d’imprévus !           

21 Dec 2015

Christmas Break

Voilà. Déjà les vacances de Noël. Lundi matin et, malgré la température anormalement douce, il semble que la ville se soit soudain enveloppée d’un manteau neigeux. Moins de bruit. Peu de voitures dans la rue. Durant deux semaines, la France va fonctionner au ralenti. Deux semaines entre parenthèses, durant lesquelles chacun va disparaitre, repoussant toutes ses affaires courantes à l’année prochaine. Personnellement, Noël ne me perturbera pas beaucoup. Un diner chez mes parents le 24. Un déjeuner en petit comité et à ma table, le 25… Et ça y est : je pourrai reprendre une vie normale… ou presque. Car, cette année, les vacances de Noël ont un goût un peu particulier. Dans ma nouvelle vie d’ "auteure-entrepreneure", les mots « vacances » ou « week-end » ont un sens encore flou, tant ma tête ne cesse de fonctionner et a hâte de nouvelles avancées. La façon dont je veux aider à l’émergence de nouveaux talents littéraires se précise. La confiance que m’accordent les auteurs me porte. J’ai envie de plus. Vite. Je sais que ma vocation est là. Ecrire et promouvoir des auteurs. Je suis impatiente d’aller plus loin. Avide de nouvelles rencontres et de réalisations plus nombreuses... Mais puisque cette quinzaine me contraint à une certaine paralysie, alors je vais, moi aussi, tenter d’en profiter pour reposer un peu mes petites cellules grises. Essayer de leur imposer un ralentissement salutaire et favorable à l’émergence de bonnes et de nouvelles idées. Continuer à les nourrir, de mots bien sûr, mais aussi d’émotions, porteuses de créativité. Bref, leur offrir à elles aussi un "Christmas Break " avant d’affronter une belle et nouvelle année . Bonnes fêtes à tous …

14 Dec 2015

The End

Je l’annonçais la semaine dernière sur ma page Facebook : j’ai terminé l’écriture de mon dernier roman. Je n’ai jamais écrit aussi vite… Sûrement était-ce faute de temps... En tous cas, voilà : les 280 pages sont là. A la fois lointaines et proches, elles attendent d’être relues. Je suis impatiente de redécouvrir mes phrases. Je suis fière aussi, d’avoir réussi à imaginer et à construire une quatrième histoire… Mais je dois bien avouer que je me sens aussi envahie par ce doute, propre à la fin de l’écriture d’un livre. Je me demande si, finalement, l’histoire plaira. J’ai bien conscience qu’elle ne plaira pas à tout le monde mais, alors que j’en ai à peine commencé la réécriture, j’ai déjà ce sentiment que le livre ne m’appartient plus. Il appartient au lecteur. C’est pour lui que je corrige. C’est pour lui et en ne pensant qu’à lui, que je travaille à présent. Le pitch que j’en ferai s’affine peu à peu dans ma tête. Les critiques que je pourrais recevoir par rapport à tel ou tel passage affluent à mon cerveau. Je corrige. Je doute. J’ai hâte. J’ai peur. Ecrire un livre, c’est un peu comme attendre un enfant. Pendant la grossesse, on est tout à son bonheur, intime et secret. Et puis vient le jour de l’accouchement. Un passage douloureux, effrayant mais aussi tellement excitant… Hier, mon livre était mon jardin secret. Demain, il sera une partie de moi que j’offrirai au regard et à la critique des autres. Alors, je l’abandonnerai à son public. Il aura sa vie propre. Ce qu’on en dira m’affectera, bien sûr, mais il ne m’appartiendra plus… Et moi, pour ne pas trop y penser, je feindrai la distance et passerai à une autre histoire... Mais n’est ce pas cet étrange phénomène qui se répète à chaque fois que l’on écrit le mot « FIN » ...?

07 Dec 2015

Histoire vraie ou vraie émotion ?

Est-ce que ce que tu as écrit t’est vraiment arrivé ? Voilà une question que certains auteurs entendent souvent de la part de leurs proches, n’est ce pas ? Surtout quand on parle des gens, de la vie de tous les jours. Quand on choisit un héros qui a certaines de nos faiblesses, qui habite dans notre ville... Que certains dialogues semblent sortir de notre bouche … On comprend bien alors que le lecteur, surtout s’il connaît l’auteur, puisse se poser cette question. Mais qu’impliquerait une réponse positive ? Cela rendrait-il le contenu du livre plus intéressant ? Plus crédible ? Plus excitant ? Plus effrayant ? Sachez-le, un auteur ne peut (bien) écrire que sur ce qu’il connaît : qu’il l’ait vécu ou appris. Mais, si on en revient aux émotions, on peut parler d’Amour, de Haine, de Peur, dans un tas de contextes différents. Ce qui fait que cela semble être « réel », au sens de « captivant » ,( car c’est bien l’effet que recherche l’auteur en se rapprochant d’une certaine réalité, non ?) c’est davantage l’exactitude dans la retranscription des émotions, que la réalité des personnages ou de leur situation. Vous avez sûrement vu les articles autour du dernier roman de Delphine de Vigan , « D’après une histoire vraie » . Les critiques ont exclusivement mis l’emphase sur le thème « vrai ou pas vrai » qui , à mon sens, n’est qu’un aspect du roman. Personnellement, et bien qu’ayant été jusqu’ici fan de cette auteur, je n’ai pas beaucoup aimé ce livre. Je me moquais, au fond, de savoir si cette histoire avait été réellement vécue. Ce qui m’importait, c’était qu’elle « sente le vécu ». Et là, j’avoue avoir été frustrée. Que le lecteur (et l’éditeur :) soit tenté de chercher le côté autobiographique est dans l’air du temps des téléréalités et autres confessions intimes. Mais cela suffit-il à faire d’un roman un bon roman ? A mon avis, non. Si on revient à Delphine de Vigan, je n’ai pas trouvé de romans plus « réels » que « Jours sans faim » et « Les heures sous-terraines » (dont je n’ai su qu’après coup qu’ils étaient autobiographiques) ; pour moi ils étaient « vrais », tout simplement parce que la justesse de l'écriture prenait aux tripes. Alors à tous ceux qui se demandent si je me livre dans mes écrits, je crois qu’il faut être claire : un auteur a ses thèmes de prédilection, ses questions existentielles, et, oui, vous retrouverez forcément cette part authentique de moi dans tous mes romans. Quant à savoir si j’ai croisé tel ou tel homme dans un aéroport, bu des bières dans des bistrots louches ou eu des relations difficiles avec mes parents, je vous laisse à votre imagination débordante… l’auteur doit quand même garder une part de mystère ;)

30 Nov 2015

Il n’y a pas de petits pas.

Il y a un mois déjà je me lançais le défi de faire vivre ce blog. Ce mois est passé très vite. Il a aussi été très riche en évènements… Certains ont tristement marqué la France et le Monde. Mais d’autres, plus modestes, plus positifs, ont aussi marqué nos vies, en leur permettant d’avancer dans le bon sens. Y avez vous prêté attention ? Puisque le NaNoWrimo (ce défi qui consiste à devoir écrire en un mois le premier jet d’un roman, soit 50 000 mots environ) se termine demain, j’ai eu envie de m’amuser à mesurer avec vous ce chemin parcouru. 25 000 mots de plus pour mon roman. Trois nouveaux auteurs pour Booknseries. Le lancement du recrutement du prochain serial-auteur polar en partenariat avec IggyBook. La mise en place d’un concours de Pitch sur Booknseries. Des rencontres professionnelles importantes autour de mon projet de promotion et de publication d’auteurs. Mais aussi deux concerts (vraiment, je conseille Vianney en Live, même aux plus réticents :) Des lectures, dont deux coups de coeur : un pour le dernier Herman Kock « Villa avec piscine » et l’autre pour « Les Infâmes » de Jax Miller. Et encore des lectures, avec de très bonnes surprises parmi les manuscrits reçus pour le Prix du Polar auto-édité (dont je suis membre du jury). Et puis aussi pas mal de bières entre amis, des soirées en famille, un sapin de Noël et les premiers feux de cheminée… Oui, même s’il y a eu des moments difficiles, Novembre a été riche. Riche de ces petits riens qui, mis bout à bout, nourrissent le cœur, l’esprit et la passion… Et je pense que le fait d’avoir la sagesse d’y être plus attentifs , de nous en féliciter quotidiennement, pourrait nous éviter de nous laisser submerger par la peur ou le découragement et de rester paralysés, surtout quand il s'agit de  (pré)tendre à une vie meilleure.

22 Nov 2015

L'amour à genoux

Je vous parlais récemment de ma croyance en l’Amour en tant que lien nécessaire entre les hommes et même l’univers tout entier. Je vous ai dit croire en son pouvoir de guérison mais soulignais aussi combien je craignais que nous ne fassions pas grand-chose, au quotidien, pour qu’il s’exprime et se nourrisse. Aujourd’hui, je me demande même si nous ne nous sommes pas appliqués à tout mettre en œuvre pour le faire disparaître. Pour l’éradiquer de nos vies, comme un virus. Et si nous étions peu à peu en train de tuer l’Amour ? De tellement lui faire bouffer la poussière qu'il en vienne à vouloir disparaitre définitivement de ce monde ? Parce qu’excusez moi de vous le dire, mais l’Amour a bien de la patience d’être encore là pour nous, alors que nous semblons vouloir tout faire pour le réduire à un objet de consommation : bradé, à la mode, éphémère, loué, sponsorisé, soumis à des normes d’expression, de quantité, de qualité… Ces jours ci, aimer son prochain nous semble être un Devoir National. Mais demain ? Serons-nous à nouveau trop occupés à payer nos factures, à acheter nos cadeaux de Noël, à nous « liker », à nous « unfollower », à nous agacer de tout, à avoir peur de tout … ou prendrons nous encore le temps de communiquer avec nos semblables et de rêver à un Monde Meilleur ? Et lorsque je dis cela, je ne m’exclue pas du lot. Il m’aura fallu de nombreuses années pour réaliser que l’Amour n’est pas une source de faiblesse mais une force incroyable et surtout, une donnée indispensable à la réalisation de chacun. J’ai longtemps cru que juger, lutter, avancer seule, pouvait me rendre plus forte qu'aimer ou partager. C’est en créant des personnages sombres et incapables de donner de l’amour que j’ai compris que je voyais cette dureté comme une sorte de mal nécessaire. Comme si, dans notre société, il était dangereux de trop aimer. Comme s’il était illusoire de croire que l’on pouvait être un individu confiant, bon et suivre en paix ses aspirations. Or plus le temps passe, plus que je m’aperçois que je ne suis pas la seule à ressentir cela. Comme dans un mauvais roman d’anticipation, La Peur a pris le pouvoir sur l’Amour. La Peur, l’isolement et le combat sont quotidiennement mis à l’honneur, tandis que l’Amour et la solidarité ne ressurgissent qu’en cas de catastrophe. Cela signifie t-il qu’il faille que nous ayons à subir davantage de massacres pour nous rappeler la valeur de l’Amour ?… Non ? Alors que fait-on ? Au lendemain des horreurs qui nous ont frappées c’est non seulement la France mais aussi l’Amour, que l’on doit aider à se relever. Il est temps de le remettre au cœur de nos vies et de le laisser s’exprimer dignement au travers de notre créativité, de notre curiosité, de notre individualité, de l’écoute de nos envies positives et de nos aspirations profondes… Parce que là où l’homme tue l’Amour, il laisse un vide qu’il cherchera forcément à combler par d’autres addictions, souvent beaucoup plus sombres et beaucoup plus destructrices…

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