Le nouveau visage de l’édition
J’étais hier matin en très bonne compagnie ... Au cœur de Bordeaux, en plein marché aux puces, sous un soleil automnal... et entourée de cinq irréductibles auteurs gaulois venus présenter et vendre leurs livres à une foule de curieux, chineurs et promeneurs du Dimanche. L’occasion de parler de nos livres mais aussi de papoter avec les passants de notre statut d’auteur indé… Pourquoi Amazon ? Pourquoi l’auto-édition ? En vivez-vous ? Et les librairies dans tout ça ?... Et le travail de l’éditeur ? Les questions qui reviennent sont souvent les mêmes, venant de personnes à qui la petite révolution qui secoue le monde de l’édition échappe souvent...
Vous le savez si vous m’avez lue ici et là, j’ai toujours pensé que l’édition allait subir la même révolution que le monde de la musique (en moins violente car, malheureusement, on ne pirate pas les livres comme les singles :). Je considère qu’ignorer les nouveaux modes de communication est tout simplement hallucinant et qu’entretenir le public de lecteurs dans un clivage « méchant amazon », « gentil libraire », revient tout simplement à prendre les gens pour des idiots.
Car si on regarde la place de la littérature dans les médias traditionnels, l’évolution des ventes de la presse et le coût des passages télé, qui a encore les moyens d’utiliser les anciens moyens de communication pour se faire connaître ?!
S’il fallait ignorer la puissance d’internet et des réseaux sociaux, alors aucune entreprise n’aurait plus les moyens de communiquer ! Et c’est bien le problème des petites maisons d’édition. Pas de relationnel, pas de poulains « bancable », donc pas de presse ! Et même pour les gros, tout cela a un coût (financier et moral) qui limite la prise de risque et la diversité des publications.
Alors que reste t-il aux éditeurs qui n’ont pas les moyens ?
À envoyer l’auteur de librairies en librairies en espérant que cela paiera ? À contacter LA connaissance qui tient la rubrique culture dans le journal local ? Croyez-moi, je viens du monde de la communication en entreprise et peu d’entre elles accepteraient de miser sur un road trip ou une bonne copine pour construire leur notoriété ! :)
Aujourd’hui communiquer c’est cibler et aller chercher son audience là où elle est : c’est à dire principalement sur le net.( car je rappelle que tout le monde n’habite pas le coeur d’une grande ville pleine de librairies de quartiers :)… Dans ce contexte, une maison d’édition sans ligne éditoriale, sans valeurs, sans message propre, ne peut miser que sur sa réputation et la force de son réseau de distribution pour exister… mais jusqu’à quand ?
L’édition doit à mon sens, d’une part offrir beaucoup plus de vision stratégique aux auteurs qu’elle veut convaincre (cibler les endroits efficaces de dédicace, chercher des possibilités d’adaptation cinématographique, travailler une ligne éditoriale claire…) et d’autre part… se préoccuper du net !
Il n’existe pas une seule industrie en dehors du livre, qui n’ait pas pleinement et depuis longtemps, réalisé l’importance des réseaux sociaux et de la vente en ligne... non pas comme seul réseau de vente, mais comme principal vecteur de promotion ! Et si on pense souvent que booknseries est une maison d’édition, c’est peut être parce qu’au travers des serial-lectures et de mon service de conseil en communication individualisé , je fais une partie du travail de l’éditeur…
Alors si, comme nous l’avons souvent dit hier à nos visiteurs, les auteurs indépendants le sont devenus par la force des choses et grâce à un système de publication en ligne, aujourd’hui ils sont libres de le rester ! Et c’est sûrement ce choix qui forcera l’édition à changer de visage …