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20 Jun 2016

Avancer seul ou accompagné

J’ai samedi dernier retrouvé avec plaisir un groupe d’anciens élèves d’un atelier d’écriture à qui, il y a près d'un an, j’étais venue parler de mon site booknseries alors qu’ils terminaient leur dernière année dans une académie bordelaise( celle d’Anaël Verdier ). Invitée par l’un d’entre eux, nous nous retrouvons à l’heure du déjeuner et c’est donc autour d'une haute table commune couverte de salades de saison que je me mêle à ce petit groupe qui se connaît presque par cœur et partage avec bienveillance son envie d’écrire depuis bientôt 3 ans.

Et très vite, je sens de façon presque palpable, ce besoin  impérieux d’avancer ensemble, de s’améliorer et surtout de stimuler leur besoin d’écrire, besoin vital mais parfois difficile à concilier avec le quotidien.  Durant quelques heures, je partage avec eux le plaisir de jeter des hypothèses sur la table, de réfléchir à des dilemmes et des personnages, de pitcher des histoires et de les confronter à l’avis des autres… De la science-fiction à l’érotisme, de la série à la nouvelle, on mélange les genres et les histoires, on rit et on apprend les uns des autres … On se questionne sur ses prochains livres, on plaisante sur la difficulté qu’il y a à pouvoir parler d’écriture avec son cercle d’amis et sa famille sans se trouver face à un silence circonspect… de la nécessité de se promouvoir sur internet et, pour la plupart, des difficultés à trouver le temps et le recul nécessaires pour le faire. Et même si tous, à part l'un d'entre eux, avancent seuls sur leurs écrits, tous disent à quel point ces réunions et leurs échanges les boostent et les remotivent quand avancer devient difficile.

Je l’ai dit souvent ici, l’écriture est un acte faussement solitaire. Et plus j’avance dans le monde des auteurs auquel j’appartiens désormais, plus je réalise combien, à de nombreux égards, c’est un milieu où la collaboration et l’entraide sont aussi présentes qu’indispensables. Car pour l’écriture comme pour le reste, il est à mon avis très utopique de penser que l’on puisse toujours avancer sans l’aide de personne. Chacun doit trouver le support, l’entourage, la stimulation dont il a besoin à un moment ou à un autre pour lui apporter le courage,  le recul, la compétence qui lui permettra d’aller au delà de sa zone de confort, de ses peurs,  de ses doutes, du manque de temps…. et surtout d'aller au bout de ses rêves !

Alors sachez qu’il existe de nombreux endroits où l’on peut partager ses questionnements et que j’y participe personnellement via le site booknseries.fr, le support qu'il propose aux auteurs et toutes ses initiatives: L’émission De la plume à la Une( où avec Olivier rebière et nos auteurs invités  nous abordons tous les sujets qui concernent l'écriture et dont le prochain rendez-vous aura lieu le 28/06 ), la bookn’comm (newletter envoyée tous les 15 jours gratuitement par booknseries) , les soirées booknseries qui permettent aux auteurs independants et aux lecteurs  de se rencontrer (la prochaine aura lieu le 29 sept à Bordeaux) , le prix du polar auto-édité… et les réseaux sociaux bien sûr . 

Alors si vous entendez cette petite voix empreinte de vieilles croyances qui vous susurre « arrête de rêver, tu ne seras jamais écrivain… »  ou bien " personne ne te lira jamais !"  ... ne restez pas tout seul à l’écouter ! Posez un instant votre plume et venez partager vos questionnements et votre passion avec ceux qui vous comprennent...  

13 Jun 2016

Persévérer …

Alors que le monde continue d’être agité par la folie contagieuse et destructrice de quelques hommes, la météo, animée du bras d’un Dieu invisible, nous rappelle gentiment qu’il n’est pas l’heure d’aller oublier la bêtise humaine sous un parasol ou au bord d’un stade, pour revenir quelques semaines plus tard , encore plus égoïstes et encore plus négatifs qu’avant l’été.
Car au delà des évènements, de la morosité de la météo et de tous ceux qui tentent de nous miner le moral en nous martelant l’idée d’un destin par définition inévitable, le moment n'est-il pas venu de nous demander ce que nous faisons, chacun à notre échelle, pour tenter d’être plus heureux ? Quelle énergie mettons-nous quotidiennement dans notre aptitude, si ce n’est à créer, ne serait-ce qu’à espérer, un monde meilleur ?

Je dis souvent à mes enfants qu’aujourd’hui plus que jamais,  l’avenir appartient aux personnes autonomes, curieuses,  adaptables et positives. À celles qui avancent avec la force de leurs valeurs et dans l’idée d’aller vers ce qui est bon pour elles et bon pour tout ce qui les entoure. Je vois autour de moi des tas de gens qui baissent les bras, j’entends des paroles négatives, fatalistes. Il faut cesser de se plaindre. Et persévérer dans notre envie d’être heureux.

Le temps de l’assistanat est révolu mais celui de la collaboration est en train de s’ouvrir à tous ceux qui sauront tendre l’oreille et ouvrir les yeux. Et le milieu des auteurs est un très bon exemple de ce phénomène. On peut se désoler de voir l’édition fonctionner sur le modèle de multinationales cotées en bourse. Pleurer sur le sort d’une profession abandonnée par le législateur et les aides sociales. S’insurger, hurler, pleurer … Tout cela n’est pas forcément porteur de mieux. Car au fond nous le savons bien, ce n’est pas le système qui changera notre situation mais bien l’inverse. Or c’est en changeant d’attitude et en trouvant des solutions, chacun de notre côté et tous ensemble que nous arriverons à inverser des tendances sur lesquelles la plupart des médias s’appliquent à nous faire croire que nous n’avons plus la main.

Si nous avons cru un instant que l’assistanat était confortable, il est temps de réaliser qu’il a créé l’abrutissement des populations et la perte d’une autonomie nécéssaire à notre survie car elle seule permettra à chacun de réaliser le rêve de tous : celui de vivre une vie meilleure.

Alors ce matin j’ai juste envie de vous dire à tous qu’il n’existe aucune fatalité que l’énergie quotidienne de chaque individu mise bout à bout ne puisse stopper. Et si vous êtes aujourd’hui en train de remettre en question vos envies d'écriture, songez que si chaque personne qui doutait de la pertinence ou du succès de ses écrits ne persévérait pas, il n’y aurait bientôt plus de livres … 

Alors commençons à croire en nous plutôt que de continuer à croire aux miracles... et persévérons...  

06 Jun 2016

Booknseries : du Virtuel au Réel

De la même façon que j’ai toujours intégré le papier dans la librairie Booknseries, j’ai toujours souhaité qu’il existe des rencontres réelles entre les membres de ma communauté. Or jeudi dernier j’ai  enfin réalisé ce rêve : celui de rassembler des lecteurs et des auteurs autour d’un événement 100% Booknseries, dans la vraie vie et dans un lieu ouvert à tous, le restaurant anglais Paul’sPlace. à Bordeaux.

A 19H00, juste avant l’ouverture, une auteure est passée par hasard pour se renseigner sur la date de la prochaine soirée poésie organisée par le restaurant. Après quelques minutes de conversation, elle s’est confiée à moi :
—  C’est étrange, la poésie était un genre noble, reconnu. A présent il est devenu totalement invisible.
—  C’est vrai. Mais la poésie est un genre qui, plus que le roman, a vocation à être lu à haute voix et à être commenté. Or il existe moins d’espaces de partage pour cet exercice …    

L’auteure a acquiescé, songeuse ...  Eh oui. La lecture et l’écriture sont des plaisirs solitaires mais ils ont aussi vocation à provoquer des rencontres et des discussions … J’en ai encore eu la preuve tout au long de cette soirée…

Lorsque nous avons lu un extrait de Goodbye Gandhi de Mélanie Talcott par exemple, et qu’une partie de l’auditoire, conquis, m’a demandé où le livre était disponible et qui en était l’auteur …
Ou encore lorsqu’au moment du pitch dating j’ ai invité, Monia, une jeune auteure de polar à parler de son livre. Malgré l’appréhension et avec les encouragements du public, elle a pris le micro et s’est  lancée. S’en est suivi une vague de félicitations et de questions qui lui ont certainement donné envie de parler encore davantage de son livre !

Jeudi dernier le public était composé de blogueurs, de correcteurs, de journalistes, d’éditeurs, d’auteurs, de passionnés de lecture, d’amis aussi … Mais tous sont venus avec une envie commune : celle de partager autour du livre. De se rencontrer et de se raconter des histoires, au delà des âges, des apparences, ou de la culture de chacun.

Avec cet événement je voulais montrer que Booknseries n’est pas qu’un site mais aussi une initiative qui souhaite remettre le livre au cœur des relations entre les hommes, et créer des passerelles nouvelles entre auteurs et lecteurs. Car si je reste convaincue que le virtuel est un merveilleux moyen de découverte et souvent le seul moyen de rentrer en relation avec ses premiers lecteurs, il ne doit pas être une fin en soi, vous ne croyez pas ?

 

PS : j’en profite pour rerere mercier tous ceux qui ont fait le détour et m’ont fait le plaisir d’être là . Pour les absents qui regrettent et pour ceux qui en veulent encore la prochaine Soirée Booknseries aura lieu le 29 septembre à la Causerie des Chartrons … ( événement à suivre via la page FB Booknseries ! ) 

30 May 2016

Le fantasme de l’écrivain-intello .

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais il me semble que les médias - ainsi qu’une certaine partie du monde de l’édition - nourrissent l’idée selon laquelle le milieu littéraire serait un milieu fermé, réservé à une élite.

Les écrivains apparaissent souvent aux yeux du grand public comme une catégorie  à part, constituée de personnes apparemment très cultivées,  adepte des endroits feutrés … ne communiquant qu’au travers de marmonnements ponctués de « mmmmh » censés  en dire plus long que les mots…

Moi même il y a 4 ans, lorsque je suis arrivée dans l’univers du livre et des auteurs, j’ai craint que celui-ci ne soit pas très accueillant. Allai-je me sentir à ma place au milieu de ces personnes ? Serai-je à la hauteur ? Cette appréhension se trouvait d’autant plus  nourrie qu’une partie de mon entourage me renvoyait l’idée selon laquelle, en décidant d’écrire, j’avais pris le parti de me hisser toute seule au rang «  d’intellectuelle » - au sens d' « intello »-  signe ultime d’orgueil et de mépris vis à vis du reste de la population.

Alors pour ceux qui me connaissent, s’il est vrai que la nature m’a dotée d’un cerveau qui aime bien fonctionner, elle m’a aussi accordé une bonne dose d’humilité ainsi qu’une sévère allergie aux mondanités et aux règles qui visent à cloisonner les hommes et les genres. C’est pourquoi en créant booknseries j’ai imaginé un lieu qui ne juge pas a priori et ne donne pas une image inhibante du livre.

La lecture et l’écriture sont nécessaires à tous.Comme beaucoup d’autres activités, elles ouvrent l’esprit créent des liens entre les hommes...aident à réfléchir ( ce qui n'est pas un défaut ! ) Grâce à l’auto-édition, les forums, les conférences, les conversations en ligne sont possibles. Et au-delà du virtuel de vraies rencontres ont lieu entre auteurs et lecteurs . Et même si on parle lecture et écriture, on est alors très loin de l'idée d'un cercle fermé qui se cantonnerait à des sujets philosophiques ! 

Cette semaine et pour la première fois( mais pas la dernière :) j’organise une soirée littéraire  Booknseries . Cet événement, qui aura lieu dans un très joli Pub du centre de Bordeaux,  a pour objectif de permettre une rencontre, des discussions ouvertes et un partage ludique autour du roman et des séries policières . Alors  à tous ceux qui pensent ne pas venir en se disant qu’il va s’agir d’une soirée d’intellos, j’aimerais juste leur dire que s’ils aiment le polar, les rencontres et les livres, ils devraient passer ... ne serait ce que par curiosité....  

Tous les détails sur la soirée polarn'co 

23 May 2016

RENCONTRE avec ses EMOTIONS

Si comme moi hier soir vous avez regardé  la remise des prix du festival de Cannes, alors peut-être avez vous été, comme moi, percuté pas l‘émotion de Xavier Dolan lors de son discours suivant la remise du Grand Prix .

Face à mon écran et simple spectatrice à des centaines de kilomètres de l’événement, j’étais immobile, bloquée,  les mots du réalisateur résonnant en moi comme s’il avait été ceux d’un ami s’effondrant sur mon canapé.

Xavier Dolan qui, pour ceux qui l’auraient oublié, est aussi le scénariste et réalisateur du chef d’œuvre ( et je pèse mes mots ! ) Mommy, a tout simplement su montrer hier quelle importance les émotions et la passion ont  au sein du processus créatif mais aussi dans la connexion que l’artiste parvient à établir avec son public .

Alors certains diront certainement que le type est torturé, mal dans sa peau, ou que son jeu d’acteur facilite l’exagération de ses  émotions. Peut-être tout cela est-il vrai. Mais peut être est–ce aussi tout simplement que les émotions partagées par Xavier Dolan les effraient ou alors ne les touchent pas.  Car un type qui finit son discours en avouant : « Je ne sais pas vous mais moi tout ce que je fais je le fais pour être aimé »  ne peut pas être quelqu’un qui feint totalement, vous ne croyez pas ? 

La  création, que ce soit au cinéma ou en écriture, peut  s’apprendre mais, pour toucher, elle doit rester connectée à des choses de l’ordre de l’intime.  Et je ne parle pas ici d’autofiction. Je pense à des émotions,  à des réactions, à des ressentis, à des expériences, que l’on a besoin, directement ou indirectement, de sortir de soi. Se sentir moins seul, se sentir compris, partager ses interrogations, ses souffrances, ses sentiments, ses peurs, ses joies aussi , n’est ce pas ce qui caractérise la démarche d’un artiste ?

L’écoute des émotions n’est pas une faiblesse, pas plus qu’il serait puéril de continuer à rêver ou débile de croire au grand amour. Les émotions sont de la matière brute et unique. Car le talent n’est pas lié à la perfection ou à l’unanimité mais bien à l’originalité et à la passion.
En tous cas, en regardant des personnes comme Xavier Dolan, je me sens plus  que jamais convaincue de la nécessité pour chaque artiste de rester fidèle à ses émotions, à son univers et de ne pas avoir peur d’en livrer l’essence. Peut être est ce difficile? Peut-être est ce compliqué ? En tous cas je vous encourage tous à le faire, pour de vrai … 

16 May 2016

Les livres qui te donnent envie d’écrire…

« 800 pages ! Je suis pas fan des pavés tu sais … »
Voilà ce que j’ai dit à mon ami lorsqu’il a mis ce livre entre mes mains.  En quatrième de couve, l’auteur annonçait :  "Un bon livre est un livre qu’on regrette d’avoir terminé. "
Jusque là, j’étais d’accord.  Et si l’auteur avait eu ce souci là en l’écrivant c’était déjà bon signe …
— Ok. Si tu me dis que c’est bon …
— Lis-le ! Tu verras, tu ne pourras pas le lâcher, insista mon ami. 

J’ai emporté le roman. C’était il y a un mois.

Et puis hier matin, alors que mon café infusait gentiment dans ma Bodum à piston, je me suis mise à parcourir machinalement les étagères de ma bibliothèque… La journée s’annonçait belle et l’envie d’entamer un nouveau livre sur mon transat’ me titillait… C'est alors que mes yeux tombèrent sur l’intrus. Le fameux pavé. 
« Que fait ce livre énorme dans ma bibliothèque ? »  pensai-je  tout en attrapant l’imposant format  soit disant de « Poche » ! ...( A croire que ce livre ne cessait de m’interpeller physiquement !)   

                                «  La vérité sur l’affaire Harry Quebert  » de Joël Dicker

En lisant le titre, tout me revint. Le week-end à Toulouse, la discussion avec mon ami. Bravant l’appréhension de me lancer dans un roman de cette taille(ne croyez pas que j’en fasse une religion mais je suis souvent septique sur la capacité d’un livre ou d’un film à -me- tenir en haleine au delà d’un certain nombre de pages ou d’heures) je l’emportai avec moi, me disant que j’allais en lire les premières pages tout en sirotant mon café.

« Le premier chapitre est essentiel Marcus. Si les lecteurs ne l’aiment pas, ils ne liront pas le reste de votre livre » ( extrait de La vérité sur l’affaire Harry Quebert  )

Quelques minutes plus tard, non seulement j’avais avalé le premier chapitre mais je sentis que j’étais délicieusement et bien malgré moi, embarquée dans une histoire que j’allais avoir beaucoup de mal à quitter ! Lorsque finalement je reposai le livre, à regret car je devais aller travailler, ce ne fût que pour mieux replonger quelques heures plus tard et en avaler 500 pages en une demi journée, sans que rien ne puisse détourner mon attention.

Alors certains ont peut être déjà lu ce roman. Pour les autres, sachez juste qu’il s’agit d’ une enquête menée par un écrivain à succès et en mal d’inspiration qui décide de porter secours à son mentor (lui aussi auteur reconnu) inculpé dans une histoire de disparition de mineure. Le synopsis en soit, n’est pas très original. Et c’est justement là que le talent de l’auteur intervient. Le roman est tellement bien construit qu’il agit sur vous comme une véritable drogue.  Rien ne met fin  au suspens et les dialogues sont si vivants, si réalistes, que l’on a l’impression de regarder un film.  Au moment où je vous parle, je ne suis pas encore arrivée au dénouement mais ce dont je suis sûre, c’est que s’il y a une recette au best seller, elle est dans ces 800 pages !
 

En tant qu’auteur et pour des raisons liées à mon goût prononcé pour les personnages fouillés, l’introspection et le suspense, certains livres m’ont fait me rendre compte de l’excellence qui pouvait exister en la matière et du chemin qui me restait à parcourir pour m’en rapprocher (ne serait-ce qu’un peu !)…   Monsieur Ripley  de Patricia Highsmith, Les cahiers secrets d’Anaïs Nin, Les heures souterraines de Delphine de Vigan… tous ces auteurs m’ont scotchée par leur talent mais m’ont aussi donné l’envie d’être plus ambitieuse pour mon écriture.
C’est à ce titre que La vérité sur l’affaire Harry Quebert fera désormais partie de ces bouquins là. Parce que pour moi l’envoûtement du lecteur est un art … et que Joël Dicker est un vrai marabout !

Et vous ? Quels sont les romans qui vous marqué, sidéré ?... Et ceux qui vous ont donné envie d’écrire ? 

 

09 May 2016

Alors à quand le prochain ?

N’avez vous jamais vécu ce moment où , alors que vous venez juste de finir votre bouquin et que vous commencez à peine à le faire lire, les gens vous demandent déjà si vous écrivez le prochain ? Un peu comme lorsque vous rentrez juste de vacances, la tête encore pleine de  souvenirs et que l’on ne vous demande qu’une chose : quand sont les prochaines... ?

« Alors à quand le prochain ? »
Je me demande souvent à quoi peut correspondre cette petite phrase. Un moyen d’éviter de parler du précédent ? Un compliment sincère ? Le résultat de la société de  consommation … ou une simple façon de meubler la conversation ?  Difficile de savoir…! 
Et après tout ce n’est pas bien grave… mais la question a au moins le mérite de nous interroger sur le rythme de notre écriture, sur ce que nous, auteurs, sommes capables de produire dans un temps donné.

Une question complexe car elle mêle des aspects à la fois objectifs et très subjectifs. Le fond et la forme en quelque sorte.

Long ou court ?
Il est évident que l’on ne peut pas écrire un roman à la vitesse où on écrit un poème ou une nouvelle.  Je vois aujourd’hui avec plaisir un nombre grandissant de textes courts être auto-publiés. Ce genre de récit est une façon de « nourrir »  à la fois de façon plus régulière et différente un paysage littéraire français, très-  et trop -  imprégné par le roman. C’est aussi un moyen pour l’auteur de publier davantage d’ouvrages...  Mais encore faut-il avoir envie de faire du court !  En ce qui me concerne,  je ne sais pas écrire autre chose que du long !  Peut être est-ce parce que je n’ai pas appris à y prendre goût, peut être est ce parce que j’ai un besoin d’immersion profonde dans mes personnages ? Toujours est-il que, même si j’établis une routine quotidienne,  j’ai besoin d’un minimum de temps pour penser, écrire puis corriger les 280 pages que je noircis pour raconter chacune de mes histoires.

Et au delà du temps technique minimal nécessaire à l’exercice, il est un temps de maturation qui me paraît indispensable.

Le temps de mûrir une histoire.
Force est de constater que la quantité et la rapidité de production sont souvent un critère de professionnalisme et que le besoin d’argent dicte parfois sa loi. L’exemple du roman « J’irai cracher sur vos tombes »  dont l’idée serait née en 10 min et dont  Boris Vian  a écrit le texte en deux semaines en est un bon exemple…
Mais en dehors du besoin d’argent ou de la pression de l’éditeur (dont beaucoup d’entre nous ont la chance d’être préservés : )), qu’est ce qui déclenche l’écriture ? Qu’est ce qui va permettre d’aller au delà de l’idée et d’un premier jet pour faire aboutir un texte. Personnellement, la façon dont l’histoire prendra forme est  étroitement liée à mon état d’esprit, à mes aspirations du moment. J’ai écrit mon dernier roman, « Une Vie Meilleure »,  alors que je venais de quitter mon entreprise et de me lancer dans une aventure personnelle et professionnelle qui m’appelait depuis longtemps. L’histoire de Yanis Blum trottait déjà dans ma tête depuis plusieurs mois lorsque j’ai commencé à la coucher sur le papier mais c’est Mon histoire qui a permis de lui insuffler la vie. Le parcours de ce mentor tiraillé entre sa quête de réalisation personnelle et ses peurs d’abandon est né des dilemmes que j’ai pu traverser, des personnes que j’ai pu croiser à cette époque, de la solitude relative que je me préparais à vivre après des années de vie de bureau… Les éléments de ma vie personnelle, ma sensibilité du moment ont peu à peu imprégné l’histoire que j’avais en tête et tout est devenu clair : là j’ai pu commencer  à écrire.

J’ai bien conscience que l’on peut forcer son esprit à travailler, s’entrainer comme un sportif et écrire sur commande... Mais pour quel résultat ? Ne pensez vous pas qu’il  soit primordial de se demander à quelle émotion,  à quel besoin,  notre envie d’écrire répond pour comprendre notre rythme de créativité, de production et apprendre à le respecter pour continuer à produire des écrits de qualité  ? 

02 May 2016

De quoi le pseudonyme protège t-il ?

C’est en préparant l’émission « De la Plume à la Une »  que je co-anime demain soir sur blab et qui a pour sujet le « Coming out de l’auteur » que je me suis posée cette intéressante ( du moins je le pense :) question.

Lorsque j’ai terminé mon premier roman, et comme de nombreux auteurs il me semble, je me suis demandée sous quel nom j’allais l’éditer. Allais-je faire savoir qui se cachait derrière ces lignes, ou me contenterais-je d’avancer prudemment,  à couvert ? Car oui, pour moi, il s’agissait  bien de se cacher. Grosso modo la question se posait en ces termes : soit j’assumais, soit je n’assumais pas. Utiliser mon vrai nom pour écrire a été un moyen de m’affirmer dans mes nouvelles envies personnelles et professionnelles et ce, bien au-delà de mes romans.

Cependant, je ne crois pas que la question du pseudo d’auteur se pose toujours en ces termes. D’ailleurs certains écrivains, comme les rock stars, prennent un pseudo uniquement pour se donner un nom de plume plus impactant, plus sexy. 

Mais même si chacun a ses propres (et bonnes) raisons pour choisir d’écrire sous un pseudonyme, il faut garder une chose en tête :

                                              le pseudo CACHE TOUT AUTANT QU’IL PROTEGE.  

Un pseudo pour protéger sa vie privée  
La majorité des personnes à qui je demande pourquoi ils utilisent un pseudo parlent de protéger leur situation professionnelle ou leur famille. Je comprends bien ce choix dans le cas d’un employé de banque écrivant sur les pratiques inavouables de son milieu professionnel, ou encore dans celui du récit d'un drame très personnel rédigé sous forme d’autofiction... Et sans aller jusque là, j’entends bien aussi que l’on puisse avoir besoin de revêtir un costume de « super écrivain » pour trouver le courage de mettre des émotions intimes ou sa vision du monde sur la place publique… C’est vrai, le pseudonyme peut mettre une distance salutaire entre vous et vos lecteurs : une distance permettant davantage de franchise, une totale désinhibition, une séparation claire entre vos identités d’ ‘auteur’ et de ‘civil’. Mais attention à ne pas trop se cacher derrière l’argument de la protection de la vie privée pour éviter de s’assumer en tant qu’auteur.

Un pseudo pour éviter d’assumer son identité d'auteur ?
Je vous le disais, j’ai moi même eu la tentation d’utiliser le nom de jeune fille de ma mère pour me publier. Un petit tour de passe passe qui m’aurait rendue accessible sans l’être de façon trop évidente…  Et si certains auteurs utilisent le pseudo pour se rendre moins vulnérables, j’ai tout de même tendance à penser qu’une partie d’entre eux en font inconsciemment un moyen d’éviter une confrontation directe avec leurs lecteurs, à commencer par les plus accessibles : leurs proches.  Attention dans ce cas, et surtout si vous vous  publiez vous mêmes, à ne pas faire du pseudo un frein à la mise en lumière de votre écriture.  Car ce sentiment libérateur et inspirant que vous avez ressenti en écrivant pourrait disparaitre derrière le pseudo que vous choisirez pour vous publier... Sans compter que si vous utilisez un pseudo uniquement pour vous cacher des autres, eh bien il y a tout simplement de fortes chances que vos lecteurs ne vous trouvent pas ! Alors avant de décider d’avancer masqué, un petit conseil, demandez-vous si vous le faîtes pour de bonnes raisons ...

Et  si vous l'avez déjà fait venez me le raconter sur ma page FB ou lors de l'émission organisée demain soir : pour nous rejoindre il suffit de cliquer sur ce lien https://blab.im/olivier-rebiere-de-la-plume-a-la-une-coming-out-de-l-auteur-e-uqexgle mardi 3 Mai à 19H00 !  

25 Apr 2016

Le Pourquoi du Comment de l’écriture

Souvent en tant qu’auteur on bloque sur une histoire parce que l’on est obsédé par l’attente du lecteur.

Durant l’écriture de mes deux derniers polars , l’intrigue policière n’étant pour moi qu’un prétexte à la découverte de personnages, à leur évolution, je me suis beaucoup questionnée sur l’éventuelle déception qu’éprouveraient les amateurs  des  "classiques " du genre en lisant mes histoires. Sûrement me reprocheraient-il un manque de détails techniques, trop d’introspection ou des coupables trop peu effrayants …  Or je ne m’étais pas du tout posé de telles questions en écrivant mes deux premiers livres,des romans noirs à suspense.

Du coup, et alors que le décor et les personnages de mon cinquième roman commencent à  germer dans mon esprit,  j’ai décidé de partager avec vous la façon dont je vais cette fois appréhender les choses. Parce que je suis désormais convaincue que ce qui aide à définir la forme sous laquelle nous racontons nos histoires, c’est tout simplement la raison pour laquelle nous les écrivons

Le « comment » de l’écriture n’est qu’un point d’entrée.

Oui, la forme (roman, nouvelle, poésie…) ou le genre ( polar, romance, aventure…) sont des repères pour le lecteurs. Ils obéissent à des règles et des codes qu’il faut tenter de respecter au mieux pour ne pas décevoir la personne qui se dirige vers eux. Mais ce ne sont que des points d’entrée. Un lecteur qui aime la poésie va venir vers vous si vous en écrivez mais ensuite, ce qui fera que vous le retiendrez dans votre univers, fera référence à une toute autre dimension de votre écriture . Celle du « pourquoi ».

Le "pourquoi" de l’écriture vous est propre.   

C’est l’une des premières questions que je pose aux auteurs avec qui je travaille. Pourquoi écrivez vous ? Cette question, à première vue, semble n’avoir que peu de réponses possibles. Sauf à écrire des autofictions, les auteurs me disent souvent que leurs raisons sont très communes et n’ont que peu d’intérêt. Pourtant, lorsque je les questionne davantage, ou lorsque je lis leurs textes, non seulement ces raisons m’apparaissent mais en plus, elles m’expliquent la forme qu'ils ont choisie pour leur écriture. On écrit pour exprimer des sentiments, pour essayer de comprendre ce que l’on ne s’explique pas, pour s’évader, parce que l’on ne dort pas la nuit, parce que l’on aime l’Histoire avec un grand H, parce que l’on est romantique, sensible … parce que l’on aime se faire peur … 

Ces raisons sont à la fois personnelles et innombrables. Et ce sont elles qui vont guider la forme unique de nos écrits.

Ce sont ces moteurs d’écriture qui vont enrichir un univers d’auteur, imprégner ses histoires et ses mots pour les rendre uniques. C’est aussi au travers de ces motivations intimes que l’écrivain va créer un lien profond avec le lecteur …

Après quatre romans, j’ai identifié que mes lecteurs prenaient du plaisir à me lire parce que mes décors étaient envoutants,  mes personnages à la fois profonds, complexes attachants et que, finalement, c’était eux qui portaient le suspense et la tension, avant l’histoire dans laquelle ils étaient embarqués. Et tout cela est très logique, car c’est la façon dont l’homme doit trouver sa place dans le monde qui m’intéresse. J’écris pour dénoncer un conformisme qui étouffe l’individu. Pour sourire des faiblesses de la nature humaine. Pour en souligner la complexité, la perversité. J’écris parce que j’aime le rock, les pubs embrumés, et les personnages rebelles. J’écris parce que je souris beaucoup dans la vie mais que je ne suis pas que cela…

Et vous  vous êtes vous demandé pourquoi vous écriviez ?     

18 Apr 2016

Écrire c'est dire la vérité

Vous le savez, Booknseries a pris ses racines dans le polar et la série, des genres qui, depuis toujours mais particulièrement ces dernières années, font beaucoup parler d’eux. Or depuis quelques mois, je constate que des auteurs qui n’ont pourtant pas d’affinité avec ces genres, se mettre à écrire des histoires de meurtres, ou des romans découpés en épisodes, pour avoir une plus grande chance d’être lus…

Face à cette tendance, un mot s’est allumé dans mon esprit, comme un phare dans la nuit : SINCERITE !   
Que ce soit dans mes livres, dans mon blog ou dans mon travail de conseil auprès des auteurs, je parle beaucoup de Sincérité. Et si ce thème revient aussi souvent dans mes écrits et dans ma vie c’est que j’ai toujours eu cette intuition que la sincérité, au sens d’authenticité, était une valeur qui avait le pouvoir de préserver en moi l'autonomie nécessaire pour continuer à avancer selon mes envies, dans le respect de mon individualité et de celle des autres.. au-delà des règles sociales.

Je sais (et j’ai expérimenté) que dans une société qui préfère les masques, la sincérité pouvait être un frein à la reconnaissance de ses pairs. Je sais aussi, faisant du marketing depuis 20 ans, qu’il faut parfois un peu embellir les choses pour arriver à se vendre. Mais je suis aussi persuadée que, dans le contexte chaotique actuel, l’authenticité  est une formidable opportunité de laisser parler des voix uniques, porteuses de changements et de diversité. De laisser émerger des individus, chacun ayant leurs forces, leurs faiblesses, leurs envies et leur vision du monde. 

Vous voulez être lu ? Alors soyez sincère !

N’écrivez pas un livre qui ne vous ressemble pas, même si on vous dit que c’est un genre qui « marche ». D’abord, vous n’y prendrez pas de plaisir, ou beaucoup moins. Ensuite, sachez que vos lecteurs ne vous aiment pas pour ce que vous vendez mais pour ce que vous êtes !  En jouant un rôle, et quand bien même vous auriez réussi à prendre une poignée de lecteurs dans vos filets,  vous risquez à la fois de perdre vos anciens fans, parce qu’ils n’auront plus ce qu’ils aimaient dans votre écriture, et de décevoir les nouveaux, parce que vous ne serez pas bon dans un genre qui ne vous correspond pas.

Alors si je peux me permettre de vous donner un conseil d'ami et d'auteur :  écrivez, bloguez, communiquez avec sincérité et il y aura toujours un lecteur qui vous aimera pour cela... pour ce que VOUS êtes. 

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