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07 Jun 2021

Au-delà des apparences

"Agir, c’est risquer d’aller au-delà des apparences."

J’ai écrit cette phrase en avant-propos de mon prochain roman parce qu’elle illustre assez bien ce qui a motivé son écriture : la force des préjugés et le rôle de l’immobilisme de chacun dans l’entretien de ces derniers.

Depuis les années 80 et la montée d’une culture de l’individualisme, s’est peu à peu renforcée l’idée que l’on est ce que l’on consomme, les apparences étant de plus en plus intimement liées aux aspirations et aux convictions de chacun. Un vêtement, une voiture, un appartement, un lieu de vacances, en disant plus long qu’une conversation... On pourrait d’ailleurs s’amuser à changer régulièrement de look, pour voir changer sur soi le regard des autres. Cela m’est arrivée une fois, involontairement.

J’étais alors en transit à Madrid, de retour de deux semaines de vacances. La peau brunie par le soleil, le cheveu emmêlé par une nuit blanche passée entre l’aéroport et le siège inconfortable de l’avion, j’étais vêtue d’un sarouel et d’un t-shirt noirs et d’une vieille paire de tennis, lorsque nous avons décidé de faire un tour dans la ville en attendant notre dernier vol. Étant la seule de la tribu Lapegue à parler espagnol, je décidai de marcher devant, à la recherche d’une personne pouvant m’indiquer le chemin vers le parc le plus proche ; il était environ 9 H00 du matin et la plupart des passants partaient travailler. La première femme que je voulus aborder, tout sourire dehors, accéléra le pas et fit un écart pour ne pas me croiser de trop près. Dans le doute, je me lançai vers un autre passant, mon plan de la ville à bout de bras. Croyant certainement que je voulais lui vendre quelque chose, le jeune homme a tendu la main pour me tenir à distance et, sans m’accorder un regard, a maugréé en espagnol qu’il n’était pas intéressé.

Je dois vous avouer que cette expérience, si elle a beaucoup fait rire mes fils, ennemis jurés du sarouel quelle que soit la saison, fut pour moi aussi choquante qu’édifiante. J’ai alors mesuré à quel point on pouvait être violemment rejeté, simplement à cause de son apparence.

Nous vivons une époque où la norme consiste à nous pousser à faire partie de « communautés » qui, au lieu de nous rassembler, nous séparent les uns des autres. IN ou OUT. POUR ou CONTRE. Ces soit -disant lieux de rassemblement (souvent virtuels d’ailleurs...), au lieu de nous permettre de nous découvrir et d’échanger, nous divisent et nous confortent dans des opinions fermées, nous amenant à faire des choix dont, souvent, la finalité ne nous appartient même pas.

Les apparences se nourrissent de l’immobilisme, du discours ambiant et d’une communication venue de l’extérieur. L’action, individuelle ou collective, nous pousse à aller au-delà de ces classifications superficielles, à se frotter nos ressentis, à la vérité de l’autre, à sa différence. Et c’est seulement à ce niveau-là que peut avoir lieu, non pas un consensus dicté par une communauté, mais un échange d’Homme à Homme, qui, j’en suis convaincue, fait évoluer la vision de chacun.

C’est de cela dont parle mon roman « À L’AUTRE BOUT DE LA LAISSE », de cette nécessité d’aller au-delà du confort des préjugés et des opinions prémâchées. De passer à l’action pour se frotter à notre propre réalité et construire notre propre vision des choses, en toute indépendance. Cette idée vous séduit, vous irrite ou vous questionne ? N’hésitez pas échanger ici

En attendant, je vous souhaite une bonne semaine à tous et n’hésitez pas à nourrir votre propre réalité !

07 Jun 2021

Au-delà des apparences

"Agir, c’est risquer d’aller au-delà des apparences."

J’ai écrit cette phrase en avant-propos de mon prochain roman parce qu’elle illustre assez bien ce qui a motivé son écriture : la force des préjugés et le rôle de l’immobilisme de chacun dans l’entretien de ces derniers.

Depuis les années 80 et la montée d’une culture de l’individualisme, s’est peu à peu renforcée l’idée que l’on est ce que l’on consomme, les apparences étant de plus en plus intimement liées aux aspirations et aux convictions de chacun. Un vêtement, une voiture, un appartement, un lieu de vacances, en disant plus long qu’une conversation... On pourrait d’ailleurs s’amuser à changer régulièrement de look, pour voir changer sur soi le regard des autres. Cela m’est arrivée une fois, involontairement.

J’étais alors en transit à Madrid, de retour de deux semaines de vacances. La peau brunie par le soleil, le cheveu emmêlé par une nuit blanche passée entre l’aéroport et le siège inconfortable de l’avion, j’étais vêtue d’un sarouel et d’un t-shirt noirs et d’une vieille paire de tennis, lorsque nous avons décidé de faire un tour dans la ville en attendant notre dernier vol. Étant la seule de la tribu Lapegue à parler espagnol, je décidai de marcher devant, à la recherche d’une personne pouvant m’indiquer le chemin vers le parc le plus proche ; il était environ 9 H00 du matin et la plupart des passants partaient travailler. La première femme que je voulus aborder, tout sourire dehors, accéléra le pas et fit un écart pour ne pas me croiser de trop près. Dans le doute, je me lançai vers un autre passant, mon plan de la ville à bout de bras. Croyant certainement que je voulais lui vendre quelque chose, le jeune homme a tendu la main pour me tenir à distance et, sans m’accorder un regard, a maugréé en espagnol qu’il n’était pas intéressé.

Je dois vous avouer que cette expérience, si elle a beaucoup fait rire mes fils, ennemis jurés du sarouel quelle que soit la saison, fut pour moi aussi choquante qu’édifiante. J’ai alors mesuré à quel point on pouvait être violemment rejeté, simplement à cause de son apparence.

Nous vivons une époque où la norme consiste à nous pousser à faire partie de « communautés » qui, au lieu de nous rassembler, nous séparent les uns des autres. IN ou OUT. POUR ou CONTRE. Ces soit -disant lieux de rassemblement (souvent virtuels d’ailleurs...), au lieu de nous permettre de nous découvrir et d’échanger, nous divisent et nous confortent dans des opinions fermées, nous amenant à faire des choix dont, souvent, la finalité ne nous appartient même pas.

Les apparences se nourrissent de l’immobilisme, du discours ambiant et d’une communication venue de l’extérieur. L’action, individuelle ou collective, nous pousse à aller au-delà de ces classifications superficielles, à se frotter nos ressentis, à la vérité de l’autre, à sa différence. Et c’est seulement à ce niveau-là que peut avoir lieu, non pas un consensus dicté par une communauté, mais un échange d’Homme à Homme, qui, j’en suis convaincue, fait évoluer la vision de chacun.

C’est de cela dont parle mon roman « À L’AUTRE BOUT DE LA LAISSE », de cette nécessité d’aller au-delà du confort des préjugés et des opinions prémâchées. De passer à l’action pour se frotter à notre propre réalité et construire notre propre vision des choses, en toute indépendance. Cette idée vous séduit, vous irrite ou vous questionne ? N’hésitez pas échanger ici

En attendant, je vous souhaite une bonne semaine à tous et n’hésitez pas à nourrir votre propre réalité !

07 Jun 2021

Au-delà des apparences

"Agir, c’est risquer d’aller au-delà des apparences."

J’ai écrit cette phrase en avant-propos de mon prochain roman parce qu’elle illustre assez bien ce qui a motivé son écriture : la force des préjugés et le rôle de l’immobilisme de chacun dans l’entretien de ces derniers.

Depuis les années 80 et la montée d’une culture de l’individualisme, s’est peu à peu renforcée l’idée que l’on est ce que l’on consomme, les apparences étant de plus en plus intimement liées aux aspirations et aux convictions de chacun. Un vêtement, une voiture, un appartement, un lieu de vacances, en disant plus long qu’une conversation... On pourrait d’ailleurs s’amuser à changer régulièrement de look, pour voir changer sur soi le regard des autres. Cela m’est arrivée une fois, involontairement.

J’étais alors en transit à Madrid, de retour de deux semaines de vacances. La peau brunie par le soleil, le cheveu emmêlé par une nuit blanche passée entre l’aéroport et le siège inconfortable de l’avion, j’étais vêtue d’un sarouel et d’un t-shirt noirs et d’une vieille paire de tennis, lorsque nous avons décidé de faire un tour dans la ville en attendant notre dernier vol. Étant la seule de la tribu Lapegue à parler espagnol, je décidai de marcher devant, à la recherche d’une personne pouvant m’indiquer le chemin vers le parc le plus proche ; il était environ 9 H00 du matin et la plupart des passants partaient travailler. La première femme que je voulus aborder, tout sourire dehors, accéléra le pas et fit un écart pour ne pas me croiser de trop près. Dans le doute, je me lançai vers un autre passant, mon plan de la ville à bout de bras. Croyant certainement que je voulais lui vendre quelque chose, le jeune homme a tendu la main pour me tenir à distance et, sans m’accorder un regard, a maugréé en espagnol qu’il n’était pas intéressé.

Je dois vous avouer que cette expérience, si elle a beaucoup fait rire mes fils, ennemis jurés du sarouel quelle que soit la saison, fut pour moi aussi choquante qu’édifiante. J’ai alors mesuré à quel point on pouvait être violemment rejeté, simplement à cause de son apparence.

Nous vivons une époque où la norme consiste à nous pousser à faire partie de « communautés » qui, au lieu de nous rassembler, nous séparent les uns des autres. IN ou OUT. POUR ou CONTRE. Ces soit -disant lieux de rassemblement (souvent virtuels d’ailleurs...), au lieu de nous permettre de nous découvrir et d’échanger, nous divisent et nous confortent dans des opinions fermées, nous amenant à faire des choix dont, souvent, la finalité ne nous appartient même pas.

Les apparences se nourrissent de l’immobilisme, du discours ambiant et d’une communication venue de l’extérieur. L’action, individuelle ou collective, nous pousse à aller au-delà de ces classifications superficielles, à se frotter nos ressentis, à la vérité de l’autre, à sa différence. Et c’est seulement à ce niveau-là que peut avoir lieu, non pas un consensus dicté par une communauté, mais un échange d’Homme à Homme, qui, j’en suis convaincue, fait évoluer la vision de chacun.

C’est de cela dont parle mon roman « À L’AUTRE BOUT DE LA LAISSE », de cette nécessité d’aller au-delà du confort des préjugés et des opinions prémâchées. De passer à l’action pour se frotter à notre propre réalité et construire notre propre vision des choses, en toute indépendance. Cette idée vous séduit, vous irrite ou vous questionne ? N’hésitez pas échanger ici

En attendant, je vous souhaite une bonne semaine à tous et n’hésitez pas à nourrir votre propre réalité !

31 May 2021

Du rêve au projet...

N’avez-vous pas remarqué que nous vivons dans une époque où tout le monde vous demande quel est votre projet ? Question d’autant plus stressante que l’avenir n’a jamais été aussi incertain...

Projet de vie, projet professionnel... Dès la troisième, nos jeunes doivent se projeter dans des inscriptions détaillées, avant de plonger dans les méandres de parcours sup... Mais cette obsession du projet ne s’arrête pas à l’orientation. Dans un contexte de mutations profondes du monde du travail, on demande à chaque personne à la recherche d’un emploi, ou à chaque créateur d’entreprise, de définir son projet.

Chaque jour, j’accompagne des jeunes et des entrepreneurs qui, face à la question de leur projet, se trouvent souvent coincés entre des archétypes et des attentes extérieures, comme s’ils avaient à remplir des cases qui ne leur appartiennent pas vraiment.

Pourquoi ce sentiment ? Parce que, le plus souvent, au lieu de construire leur projet, les personnes commencent par construire leur plan d’action.
Or, en amont d’un plan d’action, il existe autre chose, ce que moi, en tant que consultante et qu'accompagnatrice d'auteurs ou de jeunes, je contribue à faire émerger et à formaliser : le rêve.

Contrairement à ce que l’on nous fait croire, le rêve n’est pas l’utopie. Le rêve, c’est l’intuition forte que l’on a un projet à réaliser. Or c’est en connectant avec le rêve de chacun que l’on parvient à déterminer le cadre d’un projet qui, ensuite, et ensuite seulement, deviendra un plan d’action.

Rêver à un projet, c’est l’ancrer dans une forme de conviction, une pérennité, malgré les incertitudes du contexte ; c’est percevoir le but général d’une entreprise afin de mieux définir les actions à mener pour la faire naître ; c’est identifier le besoin auquel on veut répondre. C’est tout simplement donner un sens à la fois économique, sociétal, et personnel à son projet.

Or je trouve assez dommage et dangereux que les organisations qui nous régissent réduisent nos projets à un pilotage d’actions dicté par des personnes ou des institutions qui ne sont pas habitées par le rêve qui les font naître.

Avoir un projet, consiste moins à dresser une liste d’actions, qu'à veiller à ce qu’elles aient toujours un sens par rapport à notre rêve initial et à les réajuster, si nécessaire, afin que nos aspirations profondes continuent à nous porter !

Alors, avant de plonger dans la rédaction de vos " to do list " , pensez à entretenir vos rêves et ceux des êtres qui vous entourent !

Bonne semaine à tous les amis

 

 

24 May 2021

Effet Miroir

Je vous parlais la semaine dernière, de mes moteurs d’écriture, moteurs qui font de mon style un cocktail dont je me demande souvent s’il n’est pas trop étrange, car fait d’un mélange de suspense, de mélancolie, de sociologie, de psychologie... Autant d'ingrédients qui ne constituent pas un genre identifiable par le grand public.

Or voilà que, par hasard, un ami de passage me donne le roman « Arène », en me disant qu’il lui a évoqué l’univers de mon dernier livre publié, « Seconde Chance ». Là où j’ai imaginé un réseau social omnipotent, l’écrivaine a imaginé un Netflix régissant l’univers audiovisuel...

Après avoir terminé le premier jet de mon dernier roman j'ai finalment, hier, et entre deux relectures, ouvert ce roman de Négar Djavadi.

Et là ... le choc !

Comme si j’étais dans la tête de cette auteure. Comme si je comprenais chaque mot choisi, chaque point de suspension.

Un héros, en proie à la culpabilité face à une réussite qu’il n’incarne pas et qui se débat dans un monde individualiste, faits de conventions auquel ne parvient pas à se soustraire. Une galerie de portraits venant jouer le miroir des personnages principaux, balayés par un destin qu’ils pensent maitriser, mais qui, bien souvent, émotionnellement, les dépasse. Un contexte social et économique omniprésent.

Un style scénaristique, ponctué de métaphores, de moments d’introspections et de points de suspensions...

Arène est un roman noir, sociologique, psychologique, à suspense, dont l’intimité fait appel à un vécu commun, celui d’une société, d’un quartier, d’une famille. Sans horreur, ni drames. Sans exagérations inutiles. Une histoire comme j’aime les lire mais aussi les écrire.

Et je dois bien avouer que cela me fait plaisir de constater qu’il y a encore une place pour la littérature hybride, pour le roman noir, un genre qui a tant de mal à exister en dehors du polar et du thriller.

Alors si, vous aussi, vous appréciez ce genre, je vous conseille d'ajouter "Arène" paru aux édition Editions Liana Levi et "Seconde Chance", édité par votre serviteur, à votre PAL ! ;)

Bonne semaine à tous ! 

17 May 2021

Rester créative

Lorsque je dis que j’ai publié huit romans, je vois souvent les gens ouvrir de grands yeux ronds. Si certains se questionnent sur le temps que cela me prend au quotidien, la plupart se demande surtout où je puise mon inspiration et si je n’ai pas peur, un jour, de me trouver face à une page blanche, à court d’idées, ou pire encore, à court d’envie.

Parce que je viens tout juste de terminer le premier jet de mon neuvième roman, j’ai pensé qu’il serait intéressant de partager avec vous ce qui me rend créative, ce qui me donne envie, depuis près de 10 ans, de continuer à écrire et, au-delà de ça, de continuer à m’exprimer.

L’écriture n’a jamais été pour moi un moyen de faire carrière dans tel ou tel type de littérature que j’aurais admirée. Elle s’est imposée à moi en l’état, cocktail étrange de sociologie, de nostalgie et de suspense. Les mots ont un jour jailli de ma plume parce que le fait d’écrire me permettait de donner enfin une réalité à des réflexions, des sentiments qui tournaient en boucle dans ma tête et dans mon cœur.  

C’est moins pour inventer des histoires que pour comprendre le genre humain et les difficultés de l’existence, que j’ai créé tous les personnages qui ont porté mes récits. Mes héros racontent la difficulté d’être soi-même et de se réaliser dans une société qui attend que chacun remplisse un rôle prédéfini. Si mes romans constatent les risques de dérives liés à certaines lois ou à certains comportements, ils montrent aussi comment chacun peut saisir ( ou ne pas saisir)  l’occasion de reprendre le pouvoir sur ces normes et sur son existence.

Je n’y ai pas tout de suite prêté attention car, au départ, je ne pensais pas être lue, mais l’écriture est aussi, pour moi, une façon de questionner le monde- à commencer par moi-même- sur des valeurs sociales à la fois universelles et personnelles : le travail, la féminité,  l’amitié, la liberté, la famille, la réussite... Autant de valeurs fondamentales définies au travers d’archétypes avec lesquels chaque individu est obligé de composer pour s’intégrer dans la société, parfois au détriment de son bonheur, souvent en oubliant son instinct de survie...

Je ne m’inquiète pas de savoir si ma plume se tarira un jour car je sais pourquoi j’écris et ce qui meut ma créativité : l’envie de nourrir un espace de questionnement, un univers où toutes les fins sont possibles. Le besoin de partager et d’interpeller sur le monde dans lequel nous vivons tous ensemble.

Si un jour, un autre outil me permet de le faire de façon plus satisfaisante, alors peut-être poserai-je ma plume...

En attendant, c’est autour des thèmes de la reconnaissance sociale et des préjugés que vous retrouverez bientôt Antoine, le prof de philo et anti-héros de mon neuvième roman à suspense " À l'autre bout de la laisse "...

Bonne semaine à tous 

03 May 2021

Vérité, consensus, et réalité

Alors que je suis en train d’écrire les derniers chapitres de mon prochain roman, je vois émerger avec force l’un des thèmes centraux de ce récit, comme un rideau se lève sur une scène de théâtre : qu’est-ce que la vérité et quel est son lien avec la réalité que nous vivons ?

La vérité est un mot dont chacun, surtout en temps de polémiques, semble vouloir se prévaloir, en l’asseyant sur des données tantôt théoriques, tantôt empiriques.
Et pourtant, en y réfléchissant, qu’est-ce que la vérité, si ce n’est une forme de consensus autour d’idées proposées par un petit groupe ? Ce même consensus, une fois médiatisé, devient alors une réalité pour le plus grand nombre, qui, plus tard, devient l’Histoire ou bien une forme d'archétype...

Mais la vérité absolue existe-t-elle ?
N’est-elle pas seulement l’interprétation que nous faisons de notre environnement, en fonction de notre culture, de nos émotions, de notre passé... C’est bien parce-que nous choisissons de croire vraie telle chose plutôt qu’une autre, qu’elle devient une réalité avec laquelle nous avançons dans la vie. C’est la fameuse histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein...

Et si la vérité était toujours personnelle, relative, et par conséquent évolutive ?

Dans ce cas, seule l’intention compterait.
Parfois, nous l’utiliserions pour nous conforter dans nos certitudes, pour avoir le dernier mot, comme un avocat cherche à plaider pour gagner.
Parfois elle nous questionnerait, nous aidant à remettre en cause une vérité consensuelle mais dont la légitimité nous semblerait désormais discutable.
Parfois enfin, nous la chercherions pour nous rapprocher de nous-mêmes, de notre propre vérité, de notre bonheur.

Si la vérité est un consensus que nous faisons avec les autres et avec nous-mêmes, alors je crois qu’il faudrait, plus que jamais, que chacun en soit conscient et s’en sente l’acteur principal.
Que chacun construise chaque jour, avec la ferme intention d’être libre et heureux, sa part de vérité, celle qui, demain, deviendra une réalité.

Bonne semaine les amis et n'oubliez pas, vous avez le pouvoir de construire votre réalité.

26 Apr 2021

Ne pas confondre travail et métier

Récemment, un affichage municipal qui souhaitait interpeller à propos d’un débat autour du métier d’artiste a, comme de nombreux sujets aujourd’hui, soulevé une polémique car il avait présenté la problématique de la façon suivante : artiste, un métier ?

Dans une société où la question « qu’est-ce que tu fais ? »  sous-entend immédiatement  « quel est ton travail ? » et, plus insidieusement,  « quelle est ta position sociale ? » , il est assez compréhensible que l’artiste, ou la personne qui ne met pas la valeur travail et argent  au centre de son activité, se sente écartée.

En tant qu’auteur, je suis régulièrement confrontée à la question « est ce que tu en vis ? »  une question dont la réponse,  je le sens bien, fera de moi un pro ou un amateur, une personne digne d’intérêt ou une personne lambda.

Pourtant, et la confusion vient à mon sens de là, le métier, contrairement au travail, n’implique pas forcément une source de revenus mais une occupation utile à notre développement personnel et à la société.Dans un contexte où l’on constate une perte globale de sens par rapport au travail au sein de l'entreprise et où une grande partie de la population est, depuis un an, dédommagée tout en ne pouvant plus effectuer son travail, il me semblerait intéressant de réintroduire et de revaloriser la notion de métier en tant qu’activité productrice de sens et d’autonomie, et non seulement de revenus.

L’exercice de toute activité comporte une part de savoir, de savoir-faire et de savoir-être. Ce qui en fait un métier, c’est une forme de persévérance et de perfectionnement liées à l’intérêt que l’on a pour cette activité, qui peut aussi être rémunérée.

Le travail lui n’a qu’une seule fin : créer une source de revenus.

Si les deux ne se rencontrent pas toujours au même endroit, il est tout à fait possible, et même recommandé, me semble-t-il, de les faire cohabiter en nourrissant plusieurs activités, lucratives ou non, et en apprenant régulièrement de nouvelles choses.

La valeur travail, même si elle reste encore fortement nourrie par les archétypes, est en train, au travers du chômage de masse et des contraintes sanitaires, de subir une mutation que nous pouvons déjà clairement voir dans l’attitude de nos jeunes qui, dans leur engagement, ne confondent plus le sens du mot métier avec celui du mot travail. Pluralité des sources de revenus, capacité à rebondir, mobilité, font partie du changement de paradigme qui sera certainement à l’origine d’une mutation du mot « travail », comme l’a connu avant lui le mot « famille ».  

Quant à savoir si je vis de mon métier d’artiste, la réponse est non. Écrire et me publier est une source de revenus mais avant tout une source de richesse intellectuelle, de liberté, de plaisir et de rencontres. Ce métier s’inscrit dans mon parcours multiple d'auteure, de consultante et de chargée d’enseignement, un parcours auquel je m’attache à donner un sens.

Bonne semaine à tous les amis ! et n'oubliez pas, vous êtes beaucoup plus qu'un travail !  ;) 

12 Apr 2021

Gare au Gorille !

Je vous avais parlé la semaine dernière, d’un essai traitant de "Pour une écologie de l’attention" écrit par Yves Citton dont je commençai juste la lecture.

Une semaine plus tard, et après avoir refermé ce livre, j’ai eu envie de partager avec vous quelques idées commentées par l’auteur et qui, je l’espère, retiendront votre attention ... mais pas trop longtemps, car, comme vous le verrez, mieux vaut finalement parfois se laisser distraire que de vouloir dompter une attention qui, par nature, est volage.

Mais venons-en au fait, ou plutôt, en l’occurrence, à une expérience décrite dans l’essai, celle du Gorille de Daniel Simons. Lors de cette expérience, on demande au spectateur d’une vidéo d’une minute, de compter le nombre de fois où un ballon de basket est échangé entre les joueurs d’une équipe en t-shirt blancs, jouant contre une équipe de joueurs en t-shirt noirs. Si tous les spectateurs comptent sans difficulté le nombre de 15 passes, en revanche, aucun ne voit l’homme déguisé en gorille qui, au milieu de la vidéo, traverse tranquillement le terrain...

Ce phénomène de cécité attentionnelle, s’il peut ici prêter à sourire, montre bien que l’hyper attention a ses limites : être attentif ne nous garantit pas de tout voir, et ce d’autant plus que notre attention est souvent (et de plus en plus souvent) dirigée par un système médiatique d’alerte.

En effet, la seconde idée que je voudrais partager avec vous est liée à la fonction première de l’attention qu’est l’alerte. Cette sorte de sixième sens, s'il nous permet de repérer le danger, a aussi pour effet beaucoup moins positif, de nous paralyser face à une image ou un son générant un stress immédiat. Inutile de vous dire que nos médias, tout comme une partie de nos programmes culturels, jouent en majorité sur cette dynamique pour ‘ scotcher ’ notre attention et la détourner de ce vers quoi elle tend naturellement : la distraction.

Souvent qualifiée de vilain défaut, voire même de maladie, la distraction n’est en fait que la nature même de l’attention, qui, sans canalisation, se promène au grès des alertes, mais aussi de la curiosité, ainsi que des interactions que nous avons avec les autres. L’attention se nourrit de la découverte d’un lien intéressant sur internet, d’un chant d’oiseau, d'un sourire ou d'un regard, tourné dans une direction opposée...

En ce sens, comme le souligne l’auteur, l’ennemi de l’attention n’est pas tant une attention partielle ou tournée vers des choses différentes de celles vers lesquelles se tourne la majorité de êtres humains, que l’absence totale d’attention, que je qualifierais pour ma part de "manque de présence" au monde qui nous entoure .

L'attention de nourrit de la diversité des observations, à laquelle s'associe une analyse individuelle, qui est elle-même enrichie par le partage... Elle ne se limite pas à un effort de concentration momentané, individuel ou collectif, mis au service d’un objectif unique, le plus souvent économique ou politique (ce qui revient souvent au même .

Alors voilà, vous ne prendrez peut-être pas le temps de lire cet excellent essai, mais j’espère que ces quelques lignes, que j’ai essayé de rendre digestes, vous auront donné envie de laisser à votre attention la liberté de butiner les fleurs qui lui font envie, d’accorder aux autres votre attention pour l’enrichir, et, surtout, de donner à votre attention la valeur qu’elle mérite en la préservant de ceux qui ne veulent l’aliéner que pour le compte de leur seul profit.

Bonne semaine les amis, je vous remercie d’avoir prêté attention à mes mots.

29 Mar 2021

Retour en enfance

—Allez viens !
— Non ! On n’a pas le droit !
— Mais regarde ! Ça risque rien !
— Non ! On n’a pas le droit !
— Mais allez Tiago, viens ! T’es timide ou quoi ?
Ils étaient un petit groupe mais j’ai d’abord entendu ces deux-là, alors que je somnolais sur ma serviette de plage. Le duo a ensuite été rejoint par un trio et la petite troupe s’est réfugiée sous les pins, juste derrière moi :
— Attrapez-nous si vous êtes cap ..!
— Ben nous, on n’a même pas peur !
Les yeux fermés, je souriais en entendant ce ton si propre aux enfants qui, tout en défiant l’autre, s’encouragent à se surpasser.

Qu’elle est belle, cette spontanéité de l’enfance ! Celle qui fait que l’on sait encore évaluer par soi-même ce qui est possible et qui fait que l’on se dépasse, souvent grâce au groupe.
À quel âge, l’enfant joueur et courageux devient-il un grand sérieux et craintif ? Cela peut commencer tôt, notamment en fonction des propos qu’il entend autour de lui...

Une serviette plus loin, un couple discute avec son fils de six ou sept ans. L’enfant est très bavard, il a un avis sur tout et s’exprime très bien. À un moment, je l’entends dire que, de toute façon, lui, se construira une maison en bois dans les arbres et y habitera, sans rien payer à personne. Le père, gentiment, lui répond alors, en substance, que ce n’est possible et qu’il devra, comme tout le monde, acheter une maison ou bien payer un loyer...
Pourquoi faudrait-il, dès le plus jeune âge, apprendre à se méfier, à se préparer à l’échec, à gagner sa vie et à vivre exactement comme ses parents ? Un adulte est-il forcément un enfant qui a perdu son imagination, ses idéaux... son courage ?  

Je suis toujours surprise, lorsque je donne des cours dans des écoles niveau post bac, de voir à quel point les élèves, à peine majeurs, on déjà, trop souvent, du mal à imaginer le meilleur pour eux-mêmes, à penser en dehors du cadre et du cynisme ambiant. On parle souvent d’imbéciles heureux quand on évoque des personnes spontanées qui profitent de la vie sans réfléchir aux risques, comme le font les enfants. Peut-être ces personnes sont-elles, non pas ignorantes de la vérité, mais simplement ignorantes des peurs collectives ; peut-être connaissent-elles le vrai secret de la Vie. En tous cas une chose est sûre : elles sont heureuses, elles...

Bonne semaine les amis, et pensez à replonger parfois en enfance ;)  

 

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