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22 Nov 2021

Sans Compassion

Où est-il passé ce beau sentiment ?
Celui qui fait que l’on va vers les gens.
Celui qui, contrairement à l’empathie, ne se nourrit pas dans le miroir du cœur mais dans l’ouverture d’esprit.
Ce truc, né dans la bienveillance, qui fait qu’on ne peut pas se regarder souffrir en chien de faïence.

Individu individualiste, œillères et masque bien positionnés, l’Homme moderne avance dans la seule conscience de son plaisir assouvi, aveugle ou ignorant de ce qu’il aura couté.
Récompensé par son obéissance plus que pas son humanité, il profite avidement de sa petite récompense durement gagnée. Et si par malheur un autre vient lui imposer sa faiblesse, son triste sort ou sa tristesse, alors il tourne la tête.
Surtout, ne pas troubler la fête !
Surtout se convaincre que le malheur des autres est moins grave, qu’il est peut-être même mérité, pour pouvoir continuer à avancer sans entraves.
Se donner bonne conscience, plutôt que de chercher à comprendre ; choisir un camp et, sans pitié, le défendre.

Où est-il passé ce beau sentiment ?
Celui qui fait que l’on ne reste pas indifférent au malheur des gens.
Que l’on ne tourne pas la tête, que l’on ne passe pas son chemin,
Celui qui fait que l’Homme se construit un plus beau destin.

Je le cherche, en vain.  

 

 Crédit PHOTO  : le talentueux Pawel Kuczynski

08 Nov 2021

Je vis, j’observe, je réfléchis... et j’écris

C’est ainsi que je définissais hier soir ma démarche d’écriture en répondant à une ITW envoyée par une amie blogueuse.

Il me faut du temps pour mûrir un nouveau livre.

Le temps d’avoir un recul suffisant pour analyser ce que je vois, ce que je ressens.

Le temps de comprendre ce qui s’est passé en moi, autour de moi, durant une période, tout en gardant le contact avec ce qui motive mon envie d’écrire.

Mais il me semble que, depuis deux ans, je suis portée par un mouvement particulier. Un mouvement qui m’éloigne de plus en plus des histoires et me rapproche du thème central et récurrent de mes écrits : celui du sens de la vie.

SECONDE CHANCE a exploré les effets sur l’Homme de la montée en puissance d’un monde digitalisé où chaque information diffusée est une monnaie d’échange, tant pour celui qui la diffuse que pour celui qui la consomme.

A L’AUTRE BOUT DE LA LAISSE explore les peurs individuelles sur lesquelles surfe une notion de sécurité, omniprésente, martelée par les médias et le pouvoir comme une condition nécessaire au bien vivre ensemble.

Depuis deux ans, j’observe une Liberté que l’on demande, toujours aux mêmes, de négocier. Une information et une culture uniformisées, pour en faciliter le déploiement de masse.

Je vois une vérité de fait, accessible à tous, être minimisée, voire niée par le plus grand nombre.

Je vois des individus à qui on dit tous les jours qu’ils ne peuvent pas comprendre le monde, ni pour eux, ni pour leurs enfants, suivre les ordres en croisant les doigts.

Je vois des êtres humains attachés à l’instant présent, heureux d’être encore là et de pouvoir vivre « comme avant ».

Je vois des rebelles, écorchés, malheureux d’être traités comme des adolescents hystériques par des adultes infantilisés.

Depuis deux ans le sens de la vie se dérobe entre mes doigts, comme du sable fin. Mes écrits tentent de retenir les grains, d’en faire une digue qui empêchera l’obscurantisme et le conflit d’opinions de vaincre... et pourtant...

Comme je l’écrivais ici en commentaire des dernières lois liberticides votées la semaine dernière, chacun est libre de choisir son chemin. J’aime tellement les Hommes, je les respecte tellement, que je voudrais qu’ils soient dans une conscience de l’importance de cette Liberté qui nous rend plus curieux, plus intelligents, plus autonomes et plus forts... Mais j’ai bien compris à présent que ce chemin est personnel. Rester fidèle à soi-même, et laisser venir à soi ce qui doit venir et s’écarter ce qui n’est pas juste pour soi. Passer plus de temps à aspirer qu’à suffoquer. Ce sera ma leçon de cette année. Celle qui motivera l’écriture de ce qui sera, sûrement, un essai autant qu’un roman.

Belle semaine à tous ...

11 Oct 2021

CROIRE EN L'HUMANITÉ

Je me réveille ce matin avec un sentiment partagé face à une phrase que je ne cesse d’entendre depuis la rentrée et qui nourrit un questionnement que j’ai déjà abordé ici mais de façon plus indirecte ... Car le sujet est délicat.

« Je n’avais pas le choix. »

Voici la phrase en question.

Et si je vous en parle aujourd’hui c’est parce que j’ai la conviction que ce sentiment d’impuissance est de plus en plus souvent à l’origine de décisions ayant pourtant des répercutions incroyablement importantes sur nos vies.

Crédits à payer, besoin de loisirs, séparation à gérer, menaces d’être écarté, peurs impossibles à gérer, emplois du temps surchargés... Les êtres humains semblent vivre avec une hypothèque sur le dos, une dette impliquée par un discours extérieur et un système dont les règles ne leur appartiennent plus.

Comme dans la métaphore du titre de mon dernier roman, l’Homme suit la laisse à laquelle il est attaché et ne pense même plus à résister, fatigué de lutter... Bientôt fatigué de vivre ?

Je suis d’une nature optimiste et j’ai une profonde empathie pour le genre humain. Je crois qu’il est humain de se tromper, de faillir à sa condition par ignorance, par peur ou par faiblesse.

Cependant, il est une chose que je m’explique moins, surtout quand l’ensemble de la population souffre des mêmes maux liés à une économie et un individualisme destructeurs : pourquoi tant de résignation dans ce monde ? Plus on nous maltraite, plus il semblerait que nous acceptions notre sort, privilégiant un quotidien précaire et un certain aveuglement à l’ intégrité de notre corps et à l'ouverture de notre esprit.

Je me demandais ici la semaine dernière ce qui pouvait encore nous indigner. Je me demande aujourd’hui si ce sentiment de ne pas avoir le choix (qui est aussi une forme de réalité), subi durant des années, n’aura pas raison de notre volonté intérieure. S’il ne fera pas de l’humanité un peuple docile, perpétuellement soumis à une autorité extérieure à lui-même, dépourvu de toute liberté de pensée.

Je n’avais pas le choix.

Et pourtant.

En ces temps où nos libertés sont menacées bien au-delà de ce qui est présenté comme une crise passagère, je suis amenée à rencontrer des personnes qui me font croire que je ne dois pas céder à ce pessimisme qui parfois vient taper à ma porte. Que je dois continuer à croire en l’Humanité. Il existe des personnes qui, sans renier la difficulté à s’extraire de cette roue de Hamster dans laquelle nous pédalons tous depuis des années, prennent le risque d’oser imaginer en sortir, en changeant leur vision de la vie, leurs habitudes. En prenant des risques. En écoutant l’autre. En encourageant l’action. En soutenant les plus touchés. En aidant et en défendant les plus exposés. En ayant le courage de parler, d’entretenir un dialogue plutôt qu’un débat stérile.

Je veux croire qu’il existe en chacun de nous cette force de reprendre la main, peut-être d’abord timidement, mais avec empathie et solidarité. Que nous ne laisserons pas perpétuellement une poignée d’hommes et de règles nous enfermer dans une vie faite de moindres maux, de décisions subies, et de bonheurs négociés à la petite semaine.

Je veux voir le bonheur et la vie en grand pour moi et pour mes enfants. Pour vous aussi, qui êtes une partie de moi. Je veux croire en l’Humanité et j’espère que vous y croirez avec moi.

27 Sep 2021

MAIS DE QUOI S'INDIGNE-T-ON ?

C’est la question que m’a posée une amie auteur la semaine dernière.

En voilà une vraie question.

Qu’est-ce que nous choque, nous blesse, nous heurte encore, au point de nous pousser à relever la tête, à retrousser nos manches, à nous exprimer, seul ou ensemble, pour un monde meilleur ?

L’indignation serait-elle devenue conventionnelle ? Faudrait-il un hashtag pour s’insurger ? Un visuel et une punchline fournis par facebook à partager ? L’autorisation de la majorité ou des médias pour se mouiller ?

À moins que cela ne soit la forme. L’indignation, transformée en une boule de colère, rebondirait sur mille prétextes quotidiens au lieu d’exploser sous son vrai visage. L’homme ne passe-t-il pas plus de temps à critiquer qu’à s’indigner ?

Et si les moteurs de l’indignation avaient changé ? La peur de mourir aurait remplacé l’envie de vivre. Tout comme l’envie de consommer a écrasé celle de respecter. Terrorisé à l’idée de perdre ou de manquer, l’humain serre les fesses en attendant que le ciel lui tombe sur la tête... tout en espérant que ça passera juste à côté !

Pourtant s'indigner, c'est tout simplement vouloir vivre dignement. S’exprimer afin de préserver ce droit fondamental qui appartient à chacun d’entre nous et dont personne ne devrait se voir privé sans de bonnes raisons, ni dans une indifférence générale.

Dès lors, une société qui ne s’indigne plus n'est-elle pas une société qui se meurt ?

Personnellement, je le crois et, bien souvent, j'avoue que cela me fait peur...

27 Sep 2021

MAIS DE QUOI S'INDIGNE-T-ON ?

C’est la question que m’a posée une amie auteur la semaine dernière.

En voilà une vraie question.

Qu’est-ce que nous choque, nous blesse, nous heurte encore, au point de nous pousser à relever la tête, à retrousser nos manches, à nous exprimer, seul ou ensemble, pour un monde meilleur ?

L’indignation serait-elle devenue conventionnelle ? Faudrait-il un hashtag pour s’insurger ? Un visuel et une punchline fournis par facebook à partager ? L’autorisation de la majorité ou des médias pour se mouiller ?

À moins que cela ne soit la forme. L’indignation, transformée en une boule de colère, rebondirait sur mille prétextes quotidiens au lieu d’exploser sous son vrai visage. L’homme ne passe-t-il pas plus de temps à critiquer qu’à s’indigner ?

Et si les moteurs de l’indignation avaient changé ? La peur de mourir aurait remplacé l’envie de vivre. Tout comme l’envie de consommer a écrasé celle de respecter. Terrorisé à l’idée de perdre ou de manquer, l’humain serre les fesses en attendant que le ciel lui tombe sur la tête... tout en espérant que ça passera juste à côté !

Pourtant s'indigner, c'est tout simplement vouloir vivre dignement. S’exprimer afin de préserver ce droit fondamental qui appartient à chacun d’entre nous et dont personne ne devrait se voir privé sans de bonnes raisons, ni dans une indifférence générale.

Dès lors, une société qui ne s’indigne plus n'est-elle pas une société qui se meurt ?

Personnellement, je le crois et, bien souvent, j'avoue que cela me fait peur...

13 Sep 2021

Instinct Grégaire

N’avez-vous jamais rêvé de pouvoir être vous-même 24H/24H ?

De pouvoir exprimer votre singularité sans avoir à composer avec ce que l’on attend de vous, ou, pire encore, ce que vous pensez que l’on attend de vous ?

La Société, telle que nous la vivons, développe un formatage propice à la culture d’archétypes au travers desquels nous existons les uns aux yeux des autres. Ensembles d’individus caractérisés et éduqués de façon à devenir représentatifs d’un passé unique, et produits d’un futur déjà imaginé par nos dirigeants.  

Dans un monde formaté, qui se ressemble s’assemble selon des critères qui, au fond, n’appartiennent qu’à une poignée de personnes... Mais sommes-nous seulement cette partie identifiable, analysable au travers de son milieu social, de ses origines, de son travail, de son mode de consommation, de ses opinions sondées au travers d’élections ?  

N’existerait-il pas un autre chemin. Des voies inexplorées, hors des sentiers battus, qui rassembleraient les hommes au travers de valeurs que la Société ne mesure pas. Des actions communes et des rencontres qui n’auraient pas d’autre finalité que d’exister à un moment M.

Tout comme l’Amour, les rencontres entre les Hommes comportent une part d’incompréhensible, une magie qui, au lieu de développer leur conformisme, les pousse à être eux-mêmes, ensemble.

C’est en suivant cet instinct grégaire qu’Antoine, le personnage principal de mon roman, ‘À l’Autre Bout de la Laisse ‘ va aller à la rencontre des promeneurs de chiens et découvrir sa vraie nature Humaine.

Pour découvrir Antoine, Le Barbu, Angèle et les autres et lire mon roman en entier ... rendez-vous

Ici pour la version papier ches lulu.com  https://bit.ly/2YVCDQx

Et ici pour le epub chez KOBO https://bit.ly/3hL7xSf

30 Aug 2021

L’empirisme c’est quand on se cogne !

A deux jours de la sortie de mon neuvième roman, j’ai envie de vous parler d’Antoine, mon personnage principal, ce prof de philo dont la tête est remplie de concepts et d’aspirations humanistes, enfouis sous une montagne de résignation quotidienne et de confort lié aux habitudes.

Un intellectuel et un citoyen moyen, sans histoires, qui, lorsque le destin lui offre, un soir d'automne, l’opportunité de s’affirmer au travers de l’empirisme, fonce dans l’inconnu comme un enfant, sans se douter qu’il emmène dans cette aventure sa culture, son éducation, et ce lot de peurs aussi ancrées en lui que ses rides de cinquantenaire.

Attiré par la lumière du succès et la promesse de reconnaissance sociale qui l’accompagne, Antoine en oublie la part d’ombre révélée par toute volonté de libération.

On ne mesure pas toujours le changement impliqué par l’expérimentation. On ne voit pas toujours la limite que nous fait franchir le passage à l’action, déclencheur de sentiments imprévus et de changements de paradigmes. Et si la plupart d’entre nous rêve de vivre sa vie librement et pleinement, tout le monde n’est pas prêt à assumer le risque de se cogner à la réalité, à ouvrir la boite de Pandore et à regarder en face tout ce qu’il y découvrira sur lui et le monde qui l’entoure.

C'est en fonçant vers une liberté conceptualisée mais jamais vécue, qu'Antoine va connecter avec sa nature profonde et mesurer la force du moule social et des peurs dans lesquels il l'a enfermée....

 

28 Jun 2021

​Choisir de comprendre, choisir son avenir

J’ai aujourd’hui envie de vous parler de la question du choix.

Pourquoi ? Parce-que je crois qu’après des années de « crise », la première étape, pour chaque individu, n’est pas celle du changement radical de mode de vie annoncé par certains il y a un an, et qui, peu à peu, en ne se produisant pas, a nourri le cynisme ambiant.

Non. Dans un monde où les scandales politiques, sociaux, sanitaires et économiques éclatent quotidiennement, et où l’information est disponible facilement pour qui veut la chercher, la première étape consiste, selon moi, à faire un choix : celui de chercher ou non à comprendre les évènements qui se déroulent autour de nous et, surtout, à mesurer comment ils affectent nos vies et affecteront celles des générations futures.

Chercher à comprendre, c’est déjà passer à l’action. Mais c’est aussi prendre le risque de savoir ce que l’on préfèrerait ignorer, de renoncer à certaines choses auxquelles on s’est accroché et avec lesquelles on a vécu pendant des années. Apprendre à affronter ses peurs et à les défier.

Attention. Je ne suis pas en train de dire que certains choix de vie sont supérieurs à d’autres. Je dis simplement que, dans un contexte donné et visible de tous, il me semble nécessaire de prendre certaines décisions afin de ne pas se réveiller un beau jour, malheureux, apeuré et impuissant.

Ce sont nos choix éclairés qui donnent du sens à nos actions. Et non l’inverse.

Définir quelles sont les options non négociables pour soi et pour son avenir est, à mon sens, le préalable nécessaire à un changement de vie plus général.

Se demander ce que l’on est prêt à faire, à engager ou à risquer, pour rester digne de l’image que l’on se fait de l’Humanité ... Ce projet pourra paraître à certains trop intellectuel, trop sérieux, trop ambitieux... Et pourtant, comment faire autrement que de choisir quand on souhaite être un Homme heureux ?

Bonne semaine à tous les amis . Et n'oubliez pas que votre bonheur vaut la peine de faire des choix, même difficiles .

21 Jun 2021

Les pièges de l’existence

L’expression utilisée dans ce titre est extraite d’une citation de Claude Chabrol au sujet du polar, un genre qui, selon lui, permet trois choses : l’exploration de l’humain, celle des pièges de l’existence et la présentation d’une énigme, totalement ou partiellement résolue .

J’adore cette définition, et plus particulièrement l’idée de ramener l’origine du polar à une existence apparemment banale, dont on nous révèlerait soudain l’envers du décor.

Si j’ai longtemps hésité à mettre mes romans dans cette catégorie, et ai finalement opté pour le suspense, c’est précisément parce que le Polar, traité comme un sous-genre du roman d’action ou du thriller, n’est pas souvent vu, ni lu, sous cet angle.

Et pourtant, je trouve que c’est précisément cet aspect sociologique, cette façon de pousser la psychologie humaine à se dévoiler, qui en fait l’attrait. Les tueuses du film La Cérémonie (adapté du roman L’analphabète de Ruth Rendel) ou les amants maudits de l’œuvre de Zola, Thérèse Raquin, sont des personnages de Polar, et pourtant, ce sont avant tout des êtres humains, des personnalités à la fois ordinaires et uniques, tombées dans le piège de l’amour ou de la vengeance.

Plus un personnage est normal, sans intérêt, fondu dans le décor, plus le suspense qui va s’organiser autour de lui prend du relief.

Comme le soulignait à juste titre Monsieur Chabrol, la nature humaine est si riche qu’elle ne demande pas à l’artiste une grande imagination, mais plutôt un sens aigu de l’observation. À ces pré-requis j’ajouterais : un certain talent pour dénicher l’invisible et de l’empathie pour raconter l’âme humaine sans jugement... Gratter cette première couche d’apparences, mettre en lumière les secrets et les sentiments cachés, révéler les héros qui s’ignorent et observer la noirceur qui se cache sous les masques sociaux... Voilà, à mon sens, où se trouve tout le travail de l’écrivain à suspense.

Si cette démarche vous plait et vous parle, alors je vous donne rendez-vous sur mon blog pour découvrir la galerie de personnages de mes 8 romans déjà publiés ( =>> https://www.iggybook.com/search?q=laure+lapegue#tab-books ) et je vous invite aussi à regarder le très bon portrait de Monsieur Claude Chabrol disponible en ce moment sur Arte.tv .

Bonne semaine à tous les amis !

source image : telerama

14 Jun 2021

Deal done...

Il y a une semaine de cela, quelle ne fût pas ma surprise de me réveiller et de découvrir mon petit arbre Tony, recouvert de feuilles jaunes.

Alors que, depuis des semaines, il grandissait au rythme des averses, produisant des pousses vertes et tendres, voilà qu’en une seule nuit, la sècheresse semblait avoir envahi ses branches...

Durant deux jours, j’ai continué à l’arroser, priant pour que le sort se soit trompé... Mais rien n’y faisait : petit Tony continuait à se dessécher.

C’est alors que j’ai remarqué la colonie de fourmis, des centaines d’individus portant des bouts de je ne sais quoi sur leur dos, elles montaient et descendaient le long du tronc à la vitesse d’un cheval au galop.

Me demandant si elles n’étaient pas la cause du mal dont souffrait mon ami, j’ai décidé d’acheter des bandes collantes, histoire de leur faire passer l’envie de passer par ici.

Après avoir posé une unique barrière verte, comme indiqué sur la notice, les fourmis étaient toujours là, se souciant peu que mon Tony dépérisse.

J’ai alors multiplié les barrages, me disant qu’elles se décourageraient et chercheraient un autre passage.

Trois bandes plus tard elles étaient toujours là, les minces branchages virant au noir, les feuilles tombant sous mes pas.

Chaque jour je lui parlais, l’encourageais, tout en intimant aux envahisseurs de s’en aller... J’ai même ajouté des pièges sur les poteaux de maintien du petit arbre, bien décidée à mettre fin à cette invasion macabre.

Mais rien ne semblait pouvoir inverser le sort infligé par la nature elle-même : Tony allait-il devoir rejoindre celui qui lui avait donné son nom ? Je ne pouvais me résoudre à cet injuste coup du sort à répétition.

Mais au septième jour un miracle se produisit : les envahisseurs semblaient presque tous partis ! Mon arbre se tenait plus droit et son feuillage semblait avoir reverdi !

J’ai alors décidé de faire un deal avec Tony. Mon ami, lui ai-je dis, je te fais une promesse : à chaque fois que je serai sur le point de baisser les bras, pensant que le sort et les autres sont plus forts que moi, alors je penserai à toi et tu feras pareil. De ce pacte nous tirerons la force de rester vivants et la conscience que nos destins sont liés, quelle que soit notre apparence. Certains penseront sûrement que nous sommes fous, mais, entre nous, qu’est-ce que la folie quand on voit ce qui se passe chaque jour autour de nous ?

Depuis deux jours, Tony va mieux : plus de feuilles jaunes, ni de fourmis... Je crois que, grâce à nous deux , mon ami s’en est sorti...

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